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Analyse

L’orthodoxie, bras armé du nationalisme de Poutine en Ukraine

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Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Les positions pro-invasion russe du patriarche de Moscou, Kirill, creuse les divergences fratricides dans le monde orthodoxe et risque de fragiliser le patriarcat de Moscou.
Le patriarche de Moscou, Kirill, a évoqué le 27 février un affrontement contre les «forces du mal» qui «combattent l’unité» historique entre la Russie et l’Ukraine. (Igor Palkin /AFP)
publié le 29 mars 2022 à 8h00

Malgré les appels répétés de nombreux religieux lui demandant d’intervenir pour tenter d’arrêter le conflit, le patriarche de Moscou, Kirill, le chef de la puissante Eglise orthodoxe russe, campe sur ses positions. Et affiche un soutien prononcé à la guerre menée en Ukraine par Vladimir Poutine. Dans une lettre rendue publique le 10 mars et adressée au Conseil œcuménique des Eglises, en Suisse, il reprend quasiment mot pour mot l’argumentation du maître du Kremlin, condamnant une «russophobie» galopante. «Les origines de la confrontation sont à trouver dans la relation entre l’Occident et la Russie», écrit Kirill. Le patriarche s’en prend aussi à la «tentative de transformation mentale des Ukrainiens et des Russes vivant en Ukraine en ennemis de la Russie».

Au début de l’invasion, le patriarche avait observé trois jours de mutisme avant se lancer dans des diatribes enflammées. Le 27 février, il évoquait un affrontement contre les «forces du mal» qui «combattent l’unité» historique entre la Russie et l’Ukraine. Lors du dimanche du pardon qui marque l’entrée en carême dans la liturgie orthodoxe, il avait prononcé, le 6 mars, un sermon à la tonalité apocalyptique, invoquant des raisons spirituelles pour justifier la guerre, s’en prenant notamment à l’organisation des gay prides, symbole à ses yeux de la décadence de l’Occident. «Ce qui se passe aujourd’hui ne relève pas uniquement de la politique mais il s’agit du salut de l’homme», clam