Nouvel épisode dans le bras de fer entre Viktor Orbán et l’Union européenne. La Commission européenne a annoncé ce jeudi 3 octobre poursuivre la Hongrie devant la Cour de justice de l’Union européenne pour contester la loi controversée sur la «souveraineté» adoptée fin 2023 dans le pays. Bruxelles estime que ce texte, ipar le Premier ministre nationaliste Viktor Orbán, «viole» le droit européen.
Derrière cette législation, qui prévoit des peines d’emprisonnement, crée une autorité de surveillance censée prévenir «les interférences étrangères» dans le processus électoral et «protéger la souveraineté» du pays, les ONG et détracteurs de Viktor Orbán voient une nouvelle offensive visant à museler les contre-pouvoirs.
Interview
La Commission européenne avait fait part en février de ses «sérieuses préoccupations» sur le sujet et ouvert une procédure d’infraction contre la Hongrie, avec une lettre de mise en demeure pour violations du droit de l’UE. Face à quoi le gouvernement hongrois avait prévenu qu’il ne reculerait pas. Budapest accuse régulièrement Bruxelles et «diverses organisations» étrangères, américaines notamment, de «distribuer des milliards d’euros» à l’opposition afin «d’influencer le choix des électeurs».
«Outils draconiens» pour «intimider et punir»
Mis en place à l’approche des élections européennes et municipales de juin 2024, le paquet législatif hongrois crée un «bureau indépendant de protection de la souveraineté» avec pour mission «d’enquêter» sur les «attaques illégales» menaçant la sécurité nationale. Sont concernées les activités d’organisations bénéficiant de financements étrangers.
Plusieurs ONG de défense des droits humains, dont Amnesty International, accusent le gouvernement de vouloir «faire taire les voix critiques», estimant que des «journalistes, entreprises, syndicats, églises et municipalités» pourraient être ciblés. Les Etats-Unis se sont dits «préoccupés» par une «loi incompatible avec nos valeurs communes de démocratie, de liberté individuelle et d’Etat de droit» qui dote le gouvernement «d’outils draconiens pouvant être utilisés pour intimider et punir les personnes dont les opinions ne sont pas partagées par le parti au pouvoir» Fidesz.