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Frappes

L’Ukraine assure que la Russie a mené l’attaque la plus massive sur son sol depuis le début de la guerre

Alors que les discussions menées par les Etats-Unis semblent ne pas aboutir, Kyiv assure que 550 drones et missiles russes ont été lancés sur son territoire dans la nuit de jeudi à vendredi. De son côté, Moscou fait état d’un mort dans une attaque ukrainienne.
Lors des attaques massives de drones et de missiles menées par la Russie sur la capitale ukrainienne, ce vendredi 4 juillet. (Oleksii Filippov /AFP)
publié le 4 juillet 2025 à 11h34
(mis à jour le 4 juillet 2025 à 16h57)

L’intensification de l’offensive russe sur l’Ukraine se poursuit. Moscou a lancé, selon Kyiv, 550 drones et missiles sur son territoire dans la nuit de jeudi à vendredi. Les frappes sur la capitale et les régions de Dnipro (centre), Soumy (Nord), Kharkiv (Nord-Est) et Tcherniguiv (Nord) ont été les plus massives depuis le début de la guerre en 2022, a annoncé ce vendredi Iouri Ignat, porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne.

Dans son communiqué, l’armée a précisé que la Russie avait lancé 539 drones et 11 missiles lors de l’attaque. Les unités de défense aérienne ukrainienne ont abattu 268 drones et deux missiles, a-t-elle ajouté. «C’est le plus grand nombre [de drones] que l’ennemi ait jamais utilisé dans une seule attaque», a indiqué Iouri Ignat à la télévision. Les autorités du pays ont aussi fait état d’au moins 23 blessés, dont 14 ont été hospitalisés. «La nuit a été blanche et brutale. La capitale était la cible principale de cette attaque russe», a déploré Volodymyr Zelensky.

Frappes ukrainiennes en Russie

Dans le même temps, côté russe, une personne a été tuée dans la nuit par une attaque de drones ukrainiens dans la région de Rostov, a annoncé le gouverneur régional. Le ministère russe de la Défense dit avoir intercepté et détruit 48 drones ukrainiens au cours de la nuit, dont 26 dans cette région du Sud. L’Ukraine affirme y avoir frappé une usine d’optique et de mécanique qui fabrique des composants pour l’armée russe. «Des drones ont attaqué les districts d’Azov, Millerovsky et Tarasovsky [dans le sud du pays, à l’est de l’Ukraine, ndlr] dans la nuit. Les militaires ont repoussé l’attaque aérienne, mais hélas cela n’a pas été sans conséquences tragiques», a écrit sur Telegram le gouverneur intérimaire de la région russe de Rostov, Iouri Sliousar.

Dans le village de Dolotinka du district de Millerovsky, un drone s’est écrasé contre un immeuble résidentiel de deux étages, tuant une enseignante à la retraite, a précisé Iouri Sliousar, ajoutant que les autres attaques avaient causé des dégâts matériels parfois importants, mais aucune victime. Les drones ukrainiens ont également visé vendredi à l’aube la région de Moscou, faisant un blessé léger dans le district de Serguiev Possad, selon la cheffe de ce district, Oksana Erokhanova.

Pourparlers de paix dans l’impasse

Dans une volonté affichée par les Etats-Unis de mettre fin au conflit, une sixième discussion – depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier – a eu lieu jeudi entre le républicain et Vladimir Poutine. Sans grand succès. Dans un rare aveu d’impuissance et malgré le réchauffement des relations américano-russes observé ces derniers mois, le milliardaire républicain a reconnu jeudi n’avoir fait «aucun progrès», lors de l’appel téléphonique avec son homologue russe. Trump a affirmé à la presse qu’il n’était «pas content» de la guerre en cours entre les deux pays et qu’il avait l’impression que Poutine ne cherchait pas à «s’arrêter». Le président russe venait notamment de lui dire que la Russie «ne renoncera pas à ses objectifs» en Ukraine.

Vladimir Poutine a toutefois assuré être ouvert à la poursuite des pourparlers avec Kyiv et a «souligné la volonté de la partie russe de poursuivre le processus de négociation» entamé à Istanbul, où ont récemment eu lieu deux sessions de pourparlers directs russo-ukrainiens – aux maigres résultats. Ce nouveau round de discussion avec les Etats-Unis intervient au lendemain de l’annonce par Washington d’une pause dans la livraison de certaines armes à l’Ukraine. Les Etats-Unis sont le principal pourvoyeur d’aide militaire de Kyiv et cette décision risque de mettre le pays dans une position difficile à un moment où les troupes russes continuent d’avancer sur le front.

Après cette discussion avec Vladimir Poutine, Donald Trump s’est également entretenu avec Volodymyr Zelensky ce vendredi. Avec, visiblement, plus de succès. Le président Ukrainien a dit avoir convenu avec son homologue américain de «renforcer la protection» du ciel ukrainien. De son côté, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, a annoncé que l’appel téléphonique entre les deux chefs d’Etat avait été «riche». «La conversation entre les présidents a été très importante», a ajouté sur Telegram ce bras droit de Zelensky.

De leur côté, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, et Emmanuel Macron présideront jeudi 10 juin en visioconférence depuis la base de Northwood, près de Londres, une réunion des pays «volontaires» pour un renforcement des capacités de défense de l’Ukraine face à la Russie, a annoncé ce vendredi l’Elysée. Ils échangeront avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et d’autres dirigeants, dont le chancelier allemand, Friedrich Merz, et la Première ministre italienne, Giorgia Meloni, qui seront réunis à Rome au même moment pour une conférence sur la reconstruction de l’Ukraine. «Il y aura certainement une réflexion sur comment maintenir sérieusement l’Ukraine en capacité de combat », assurer la «régénération de l’armée ukrainienne» et déployer «le moment venu une force de réassurance dans le cadre d’un cessez-le-feu», a précisé l’Elysée.

Cette force de réassurance, encore très théorique, vise à garantir la sécurité de l’Ukraine après un éventuel cessez-le-feu pour dissuader une nouvelle offensive russe. Les Européens, qui la constitueraient en grande partie, ne veulent néanmoins pas être en première ligne et comptent donc avant tout sur les forces ukrainiennes pour empêcher les Russes d’étendre ou relancer les hostilités, le jour où elles s’arrêteront.

Mise à jour à 16 h 43 avec l’échange téléphonique entre Zelensky et Trump, et la tenue d’une réunion des pays «volontaires» le 10 juillet.