Les tensions montent encore d’un cran à la frontière entre les deux pays, au lendemain d’une pluie meurtrière de missiles lancée par la Russie sur plusieurs villes ukrainiennes. Le gouverneur de Belgorod, ville russe frontalière avec l’Ukraine, a déclaré ce mardi 9 juillet que des frappes ukrainiennes avaient tué au moins quatre personnes dans la région au cours des dernières 24 heures. Vingt personnes auraient aussi été blessées, «dont deux dans un état grave», a précisé Viatcheslav Gladkov sur Telegram. Un peu plus tôt, le maire de Belgorod, Valentin Demidov, avait fait savoir que l’Ukraine avait lancé des attaques nocturnes dans toute la région.
La même nuit, les forces russes disent avoir également détruit 38 drones ukrainiens dans des régions proches de la frontière, selon les déclarations du ministère russe de la Défense ce mardi. «Les systèmes de défense aérienne en service ont détruit et intercepté trois drones dans la région de Belgorod, sept drones dans la région de Koursk, deux drones dans la région de Voronej, 21 drones dans la région de Rostov et cinq drones dans la région d’Astrakhan», a détaillé le ministère sur Telegram.
Reportage
Ces frappes surviennent au lendemain de la plus grosse attaque depuis des mois sur l’Ukraine. Au total, 38 missiles balistiques ont été tirés lundi matin, éventrant le plus grand hôpital pour enfants du pays et tuant au moins 37 personnes, dont 3 enfants. Plus de 170 personnes ont aussi été blessées, a déclaré Volodymyr Zelensky. Avant d’ajouter que les frappes avaient endommagé près d’une centaine de bâtiments, donc plusieurs écoles et une maternité.
La Russie a réaffirmé ce mardi qu’elle ne procédait à «aucune frappe sur des cibles civiles» en Ukraine, attribuant les dégâts de la veille à la chute de débris de missiles anti-aériens tirés par les défenses de Kyiv. Mais l’ONU a jugé ce mardi qu’il y a une «forte probabilité» que l’attaque sur l’hôpital pour enfants de la capitale ukrainienne soit due «à un tir direct» de missile russe. Se basant sur des images vidéo, la représentante du Haut-Commissariat des droits de l’homme de l’ONU en Ukraine, Danielle Bell, a affirmé que l’hôpital a été touché par un missile de croisière de type KH101 «lancé par la Fédération de Russie».
Un sommet crucial à Washington
Au même moment sur la ligne de front, l’armée russe grignote du terrain et tente de profiter des difficultés de l’armée ukrainienne à regarnir ses rangs et à obtenir davantage d’armes et de munitions. Devant ces frappes, le président ukrainien a réclamé lundi aux Occidentaux une «réponse plus forte» face à la Russie. Ce mardi, le dirigeant est d’ailleurs attendu à Washington afin de participer aux cérémonies marquant le 75e anniversaire de l’Otan. Un sommet crucial, qui se tiendra jusqu’à jeudi, et lors duquel il sera largement question du soutien fourni par l’alliance à l’Ukraine.
Depuis des mois maintenant, Volodymyr Zelensky réclame avec insistance davantage d’armes pour faire face à Moscou. Kyiv réclame en particulier des systèmes de défense antiaérienne, dont des batteries Patriot, des missiles sol-air particulièrement efficaces contre les missiles balistiques. Les autorités exigent au moins sept systèmes Patriot supplémentaires – de conception américaine – en sus de ceux déjà donnés par les Etats-Unis, l’Allemagne et les Pays-Bas, afin de protéger les villes et les infrastructures ukrainiennes.
Mais pour l’heure, seules l’Allemagne et la Roumanie ont répondu à cette demande, s’engageant à fournir chacune un système Patriot. De leur côté, les Pays-Bas s’efforcent de rassembler différentes pièces pour former une batterie complète au bénéfice de l’Ukraine. Les Etats-Unis, eux, ont laissé entendre qu’ils fourniraient également une autre batterie.
L’adhésion à l’Otan au point mort
Si l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan n’est pas au programme du sommet cette semaine, Kyiv souhaite également – mais sans se faire d’illusion – que sa candidature avance à Washington. L’an dernier, lors du sommet de Vilnius, le président ukrainien avait dénoncé le manque de progrès sur ce point, et les hésitations des pays membres.
L’Ukraine souhaite désormais recevoir une invitation formelle à rejoindre l’Alliance atlantique, mais plusieurs pays, dont les Etats-Unis, continuent de s’y opposer. Le pays devrait en revanche obtenir que cette promesse d’adhésion soit «irréversible», assure un diplomate, précisant toutefois que certaines conditions seraient ajoutées.