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Réseaux sociaux

L’Union européenne épingle le taux de désinformation sur Twitter et s’inquiète des manipulations russes

L’UE s’est inquiétée mardi 26 septembre du taux de désinformation sur le réseau social Twitter (renommée X) et a appelé l’ensemble des grandes plateformes à mieux lutter contre les manipulations russes.
Le logo lumineux de X (ex-Twitter installé sur le toit du QG de l'entreprise à San Francisco, le 28 juillet 2023 avant d'être retiré après une plainte de la ville de San Francisco. (Noah Berger/AP)
publié le 26 septembre 2023 à 17h49

Nouveau trophée dans l’armoire d’Elon Musk pour son réseau social Twitter (renommé X). Quelques jours après avoir été classée pire réseau social pour la désinformation sur le climat, la plateforme est cette fois épinglée par l’Union européenne pour son taux de désinformation en général. L’UE en profite pour appeler l’ensemble des grandes plateformes à mieux lutter contre les manipulations russes, craignant une intensification du phénomène avant les élections européennes de juin 2024. La vice-présidente de la Commission européenne Vera Jourova est montée au créneau lors d’une conférence de presse ce mardi 26 septembre, en s’appuyant sur le cadre du code de bonnes pratiques de l’UE.

Ce code, lancé en 2018, regroupe 44 signataires volontaires, avec notamment les géants Meta (Facebook, WhatsApp), Google (YouTube) ou TikTok, mais aussi des plateformes plus petites, ou même des professionnels de la publicité, fact-checkeurs et ONG. Pour mesurer la désinformation en ligne, les signataires ont créé des indicateurs et lancé une phase de test en Espagne, Pologne et Slovaquie. Les résultats montrent que la plateforme X, qui a quitté le code de bonnes pratiques en mai, est celle qui affiche «le taux le plus élevé de fausses informations et de désinformation dans ses publications», a noté la vice-présidente.

Car quitter le code de bonnes pratiques n’exonère pas X, et son patron Elon Musk, des contraintes européennes. «Vous devez respecter la loi, nous surveillerons ce que vous faites», a rappelé ce mardi Vera Jourova à l’attention du multimilliardaire, faisant référence au Digital Services Act (DSA), la nouvelle réglementation de l’Union sur les services numériques entrée en vigueur en août. Désormais, les plateformes doivent, entre autres, déployer des efforts pour lutter contre la désinformation. Faute de quoi, la Commission peut prononcer des amendes allant jusqu’à 6 % de leur chiffre d’affaires mondial, voire une interdiction d’activité sur le marché européen en cas de manquement grave et répété.

A l’approche des élections nationales en Slovaquie et en Pologne et des européennes, Bruxelles redoute une hausse de la désinformation sur les réseaux. Vera Jourova a notamment appelé toutes les plateformes à lutter contre les manipulations venues de Russie. Elle dénonce un régime «engagé dans une guerre des idées pour polluer notre espace informationnel […] pour faire croire que la démocratie ne vaut pas mieux que l’autocratie». Si Google, Meta et TikTok ont pu attester de certaines initiatives prises contre la désinformation, du côté de X, où de multiples plans sociaux ont fait fondre les effectifs consacrés à la modération, aucune action d’ampleur n’a été annoncée.

Parmi les contenus sensibles retirés par les grandes plateformes, le «narratif russe» est «très dominant», a notamment alerté Vera Jourova. De nombreux contenus s’attaquent plus précisément aux migrants, à la transition écologique de l’Union européenne ou aux minorités sexuelles. La balle est dans le camp d’Elon Musk. Reste au patron de l’ex-Twitter qui comptait sanctionner l’usage du mot «cisgenre» sur son réseau et n’est pas connu pour être un allié des luttes climatiques ou LGBTQ, à donner des gages à l’UE.