Menu
Libération
Guerre commerciale

L’Union européenne va doubler ses droits de douane sur l’acier pour sauver le secteur

La Commission a dévoilé ce mardi des mesures sans précédent pour faire face à une concurrence chinoise jugée déloyale.

Dans l'usine de production d'acier Badische-Stahlwerke, à Kehl, en Allemagne, le 26 juin. (Philipp von Ditfurth/Dpa. AFP)
Publié le 07/10/2025 à 16h29, mis à jour le 07/10/2025 à 17h27

L’offensive est lancée sur l’acier. L’Union européenne va doubler les droits de douane sur les importations d’acier, qui seront portés de 25 à 50 %, afin de «sauver nos aciéries et nos emplois», a annoncé mardi le vice-président de la Commission, Stéphane Séjourné.

La Commission entend d’abord réduire «de moitié» les quotas d’acier étranger qui peuvent être importés chaque année dans l’UE sans droits de douane. Ils grimperont ainsi à des niveaux similaires à ceux mis en place aux Etats-Unis et au Canada, selon les propositions de la Commission, qui devront être validées par les Vingt-Sept et le Parlement européen. Ce nouveau plan – qui vise à protéger les sidérurgistes – doit remplacer la «clause de sauvegarde» mise en place en 2019 par l’UE pour aider les producteurs européens, qui expire mi-2026.

Surcapacités de Pékin

Les industriels européens sont profondément déstabilisés depuis des années par la concurrence des usines chinoises massivement subventionnées, en subissant de plein fouet les surcapacités entretenues par Pékin, qui tirent les prix mondiaux à la baisse. Cette nouvelle mesure s’inscrit alors dans une logique de lutte contre une telle concurrence jugée déloyale.

Et les chiffres parlent d’eux-mêmes. En 2024, la Chine a fabriqué à elle seule plus de 1 000 millions de tonnes d’acier, représentant plus de la moitié de la production mondiale, très loin devant l’Inde (149 millions), le Japon (84 millions) et les Etats-Unis (79 millions) selon les données de l’organisation professionnelle World Steel. En face, les pays européens ne font pas le poids : l’Allemagne n’a produit que 37 millions de tonnes, l’Espagne 12 et la France moins de 11.

Plans sociaux

La concurrence mondiale, couplée à la flambée des prix de l’énergie provoquée par la guerre en Ukraine, a fait plonger dans le rouge les sidérurgistes européens. Ces derniers multiplient les plans sociaux et fermetures de sites, faisant craindre des conséquences en cascade, dans un secteur comptant encore 300 000 emplois directs et 2,5 millions indirects dans l’Union européenne.

Résultat : en Allemagne, le conglomérat Thyssenkrupp envisage de vendre sa division acier à l’indien Jindal Steel, tandis qu’en France, ArcelorMittal vient de supprimer 600 postes et menace d’abandonner son projet phare de décarbonation de ses hauts fourneaux à Dunkerque, faute de mesures de protection adéquates.

Sans attendre leur officialisation, ces mesures ont déjà été accueillies positivement dans les milieux économiques. Le syndicat belge CNE a ainsi salué «le plan ambitieux et nécessaire» de la Commission, tandis que l’action d’ArcelorMittal a grimpé de 9 % depuis une semaine. L’UE négocie parallèlement avec Washington une exemption de droits de douane pour l’acier européen. L’objectif étant que l’Europe et les Etats-Unis s’épaulent pour mieux résister face au rouleau compresseur chinois.

Mise à jour à 17 h 27 avec davantage de contexte.