Quel genre d’année fut 1992 ? Une année d’attentats ? De grands débats nationaux ? Ou plutôt une année d’humiliations franches, spectaculaires et honteuses pour l’Etat italien ? Quand on sort des frontières du pays, il est difficile de parler de Giovanni Falcone, de Paolo Borsellino et de leurs histoires respectives sans que les personnes les moins informées vous prennent pour un fanfaron, un baratineur : un quaraquaquà, comme on dit en Sicile, c’est-à-dire quelqu’un qui a la langue bien pendue. Je comprends ces réactions, elles sont tout à fait compréhensibles. Tentons de mesurer à quel point ces histoires sont incroyables – au sens littéral du terme, c’est-à-dire impossibles à croire – en résumant leurs principaux points, et faisons-le en employant le présent de l’indicatif, afin que tout nous paraisse plus proche. Et qu’ils nous semblent encore vivants, eux. Imaginons donc que nous sommes au début de l’année 1992.
Maxi-procès contre Cosa Nostra
Giovanni Falcone et Paolo Borsellino sont deux magistrats siciliens connus dans le monde entier pour leurs succès dans la lutte contre la mafia. Comme juges d’instruction, ils ont organisé en 1986 le plus grand procès jamais me