En Irlande du Nord, la violence a parfois un aspect récréatif. Pour tromper l’ennui, des jeunes désœuvrés lancent des cailloux au-dessus des murs de séparation, ou se provoquent à la frontière des quartiers catholiques et protestants. Certaines dates et fêtes traditionnelles attisent les tensions, et voient les villes se vider de l’une ou de l’autre des deux communautés. L’arrivée des beaux jours, quand le soleil de juin ne se couche pas avant 22 heures, nourrit en général l’agitation et les heurts.
Dans ce calendrier somme toute bien réglé, il arrive que la situation dégénère. La province britannique combine un manque d’investissements, un fort taux d’inactivité et un déficit d’opportunités, tandis que son gouvernement local bute constamment sur des questions ethniques. Elle reste divisée, hérissée de murs et de codes implicites qui font perdurer une ségrégation de fait. Mais cette semaine, des démonstrations de violence ont pris un tournant bien plus sinistre qu’à l’accoutumée, en changeant radicalement de cible.
Lundi 9 juin, deux adolescents passaient devant la justice à Ballymena, ville aux trois quarts unioniste (communa