«Marat Gabidullin n’est pas un repenti. Il n’est pas un lanceur d’alerte tiraillé par sa conscience, décidant un beau jour de se retourner contre l’organisation dont il a fait partie pour la dénoncer. Non. Marat est un soldat». Ainsi commence la préface du premier témoignage jamais publié, à visage découvert, d’un ancien combattant de la très secrète armée de Vladimir Poutine. Moi, Marat, ex-commandant de l’armée Wagner (1) est un récit à la première personne, sans figure floutée ni voix modifiée. Les lieux, les dates, les faits d’armes, tout est authentique. Gabidullin s’est contenté d’inventer les noms de guerre de ses compagnons et supérieurs. Ainsi, Dmitri Outkine, le fondateur de la société militaire privée (SMP), alias Wagner, est devenu «Beethoven». Marat Gabidullin, lui, avec le matricule M-0346, se faisait appeler «Ded», le grand-père, le papi, car, à 49 ans, il faisait partie des plus vieux mercenaires au sein de «la compagnie», comme il l’appelle.
Depuis l’adolescence, Marat Gabidullin, féru de films d’action soviétiques, se préparait à une carrière dans les forces aéroportées. Mais après dix ans sous les drapeaux, il quitte en 1994 une armée russe en pleine décomposition. Il fricote avec la pègre, tue un homme, fait trois ans de prison. En 2015, il s’enrôle dans la SMP c