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Panne

Mégacoupure d’électricité : encore «de nombreux jours» avant de connaître les causes, selon les autorités espagnoles

Dans une interview au quotidien «El País» ce dimanche 4 mai, la ministre espagnole de l’Environnement, Sara Aagesen, affirme qu’il n’est encore pas possible de déterminer ce qui a causé la panne lundi dernier.
Des voyageurs bloqués dans la gare Atocha de Madrid, le 29 avril 2025. (Thomas Coex /AFP)
publié le 4 mai 2025 à 14h26

Toujours pas de résolution en vue. Presque une semaine après la mégacoupure électrique qui a frappé la péninsule ibérique lundi, la ministre espagnole de la Transition écologique a averti ce dimanche 4 mai qu’il faudrait encore du temps avant de connaître son origine exacte. «Nous parlons de beaucoup de jours» encore à attendre pour connaître les causes précises de l’incident, a affirmé dans un entretien publié dimanche dans El Pais Sara Aagesen, évoquant notamment «un système électrique […] très complexe». «Toutes les hypothèses sont ouvertes», a assuré la ministre, même celle de la «cyberattaque».

Mais, interrogée à plusieurs reprises sur le rôle qu’auraient pu jouer les énergies renouvelables dans cette panne, la ministre a fini par admettre la possibilité d’une anomalie initiale provenant d’installations photovoltaïques dans le sud-ouest de l’Espagne, comme l’avait déjà évoqué le gestionnaire du réseau électrique espagnol (REE).

«A ce jour, nous ne savons pas quelles installations ont cessé de fonctionner dans le système», a nuancé Sara Aagesen : «Parler de solaire photovoltaïque pourrait être précipité, même si on voit sur la carte les différentes technologies de production de la région. Et qu’il y a beaucoup de solaire photovoltaïque dans le sud-ouest de l’Espagne.»

Mais «les énergies renouvelables ne sont pas dangereuses en soi», a insisté la ministre : les «pointer du doigt comme l’origine de l’incident» résulte, selon elle, d’«un diagnostic facile», et est «irresponsable et simpliste».

«Indépendance énergétique très importante»

Après la coupure, des experts du secteur se sont interrogés sur un éventuel déséquilibre entre production et demande d’électricité, plus difficile à corriger sans technologies adéquates dans un réseau où l’éolien et le solaire pèsent davantage - par rapport au réseau français très alimenté au nucléaire, par exemple -, qui aurait pu contribuer à l’effondrement du système espagnol.

La production d’électricité dans le pays a incorporé ce «mix énergétique depuis longtemps», a rappelé la ministre, «écartant» d’emblée la piste de l’entrée «d’une grande quantité d’énergie renouvelable dans le système, puisqu’il y a eu bien d’autres jours avec plus de production solaire en Espagne, et bien moins de demande, et [que] le système a très bien fonctionné».

«Les énergies renouvelables permettent à l’Espagne d’atteindre une indépendance énergétique très importante dans un monde géopolitiquement vulnérable», a assuré la ministre de la Transition écologique.

Elle a également insisté sur le besoin de connectivité, en particulier avec la France : «Au vu de ce qu’il s’est passé lundi, il est clair que plus nous aurons d’interconnexions, plus le système ibérique sera robuste.»

Pour des raisons environnementales, la France voit d’un mauvais œil l’installation de deux nouvelles interconnexions à travers les Pyrénées, a assuré la ministre. «Nous insistons sur le fait que ceci doit être un objectif au-delà de nos deux seuls pays. Nous parlons d’un marché européen et ça ne peut pas être un débat entre la France et l’Espagne.»

«La France doit prendre conscience que les interconnexions doivent se faire, quoi qu’il arrive», conclut-elle, se disant «convaincue qu’on peut pallier l’impact environnemental».