La consternation semble avoir asséché la protestation. «Non au silence ! Justice !» : les slogans étaient entonnés sans la fougue habituelle mardi soir, lors de la manifestation à Mexico pour condamner les assassinats et les attaques contre la presse. Pourtant, la colère des journalistes mexicains, mobilisés dans une trentaine de villes du pays, ne tarit pas. Mais elle est éclipsée par une forme de désespoir. Trois journalistes tués en l’espace de quelques jours, avant que ne soit écoulé le premier mois de l’année. «Nous sommes indignés, en colère, tristes… Aucun d’entre eux n’aurait dû mourir», déclare Lucía Lagunes, journaliste et directrice du Cimac, une agence de presse féministe. Elle se dit abasourdie par l’assassinat, dimanche à Tijuana, de Lourdes Maldonado, qu’elle connaissait et qu’elle décrit comme «une femme de conviction, intègre, qui aimait le journalisme et était prête à le défendre jusque dans ses ultimes retranchements».
«Nous sommes lassés», soupire la journaliste Kylie Madry au milieu de la petite foule. «C’est impressionnant : tant de confrères tués, par les narcos ou par les autorités, on ne sait pas… On nous tue parce que nous sommes journalistes.» Elle rappelle le chiffre implacable, qui est sur toutes les lèvres : plus de 90% de ces cri