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Dérive

Migrants : l’Union européenne met la barre à droite toute pour contenter populistes et opinions publiques

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A l’occasion du Conseil européen, qui se tient ce jeudi 17 octobre à Bruxelles, les Vingt-Sept discutent de nouvelles législations drastiques. Même s’ils disposent d’un pacte adopté en avril et que le nombre de passagers clandestins est en baisse.
Emmanuel Macron s'entretient avec le Premier ministre hongrois Viktor Orbán à Bruxelles, le 17 octobre. (Omar Havana/AP)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 17 octobre 2024 à 19h55

L’immigration menace-t-elle autant, voire davantage, l’Union européenne que la Russie ? La question peut paraître baroque, mais la progression continue des populistes et de l’extrême droite qui, surfant sur le rejet grandissant des étrangers, surtout de culture musulmane, se rapprochent du pouvoir voire y parviennent, a brusquement poussé le sujet tout en haut de l’agenda des Vingt-Sept. Ainsi, le Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement, qui se tient ces 17 et 18 octobre à Bruxelles, y était presque entièrement consacré – sans décision attendue – alors que la possible réélection de Donald Trump dans trois semaines pourrait laisser l’Ukraine et l’Europe sans défense, un défi qui paraît autrement existentiel.

Cela est d’autant plus important que l’Union européenne vient tout juste d’adopter, en avril dernier, le volumineux «Pacte sur la migration et l’asile» (10 règlements et 3 recommandations) qui verrouillera comme jamais les frontières extérieures européennes au point que l’on peut désormais parler de «forteresse Europe». Mais, alors que ce Pacte n’entrera en vigueur qu’en 2026, les Vingt-Sept souhaitent des «solutions innovantes» pour montrer que l’Europe agit. «Nous devons sortir des sentiers battus», a plaidé le Premier ministre grec Kyriákos Mits