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Naufrage

Migrants rescapés : «Les gardes-côtes grecs nous ont coulés à dessein»

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Migrants, l'hécatombedossier
Une dizaine de survivants racontent à «Libération» des conditions du naufrage où 82 personnes sont mortes et plusieurs centaines portées disparues et présumées noyées.
Des rescapés du naufrage dans un entrepôt de Kalamata, le 15 juin. (Angelos Tzortzinis/AFP)
par Fabien Perrier, Correspondant à Athènes
publié le 26 juin 2023 à 6h48

L’hématome qui colore tout son bras gauche est la première chose qu’Ahmed montre sur le parking devant le camp de Malakasa, à une cinquantaine de kilomètres d’Athènes. «C’est la trace du sauvetage», souffle-t-il. Il n’en éprouve aucune douleur. Mais, psychologiquement, le Syrien de 20 ans souffre. Soulagé d’être sauvé, il ne peut oublier le drame vécu. Ahmed, dont le prénom a été modifié, est l’un des 104 rescapés du naufrage qui s’est produit le 14 juin en mer Ionienne. A ce jour, 82 corps de passagers morts ont été retrouvés ; des centaines d’autres sont portés disparus. Même si l’idée que son témoignage puisse se retourner contre lui le fait hésiter un instant, il accepte de raconter ce qu’il a vécu : «Je parle pour ceux qui sont au fond de l’eau».

Parler pour les morts, les disparus et leurs familles ; parler pour faire émerger la vérité : ces mêmes ressorts ont poussé des rescapés à livrer à Libération leur récit de cette funeste traversée. Leurs propos éclairent les raisons d’un des