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Libération
Changement d'époque

Mikhaïl Gorbatchev, accélérateur de l’intégration européenne

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La chute du mur de Berlin et la disparition du bloc soviétique ont permis un élargissement rapide et pacifique de la Communauté économique européenne, malgré les craintes suscitées par la réunification allemande parmi les dirigeants de l’époque.
Un manifestant martelant le mur de Berlin, le 11 novembre 1989. (Stringer Germany/Reuters. Landov)
par Jean Quatremer, Correspondant européen
publié le 31 août 2022 à 21h12

L’effondrement des régimes communistes d’Europe de l’Est, qui a débuté le 1er janvier 1989 avec l’ouverture du rideau de fer à la frontière austro-hongroise avant d’atteindre son apogée avec la chute du mur de Berlin, le 9 novembre, a constitué un formidable coup d’accélérateur à la construction européenne. C’est l’un des legs inattendus de Gorbatchev, alors même que beaucoup d’observateurs de l’époque prédisaient au contraire son délitement rapide, la disparition du bloc soviétique la privant de sa raison d’être tout comme l’Otan au passage : en quelque sorte, «la fin de l’histoire» théorisée dès l’été 1989 par Francis Fukuyama…

Cette année-là, la grande affaire des douze Etats membres de la Communauté économique européenne (CEE) de l’époque, c’est la monnaie unique. L’Allemagne, dirigée par le chancelier conservateur Helmut Kohl, en a accepté le principe en juin 1988 et François Mitterrand, le président français, président en exercice de la CEE, espère que le sommet de Strasbourg des 8 et 9 décembre 1989 fixera en décembre 1990 la date du lancement de la Conférence intergouvernementale (CIG) qui va négocier un nouveau traité. Mais, alors que des dizaines de milliers d’Allemands de l’Est ont voté avec leurs pieds en fuyant la RDA, ce qui laisse présager un effondrement rapide du régime d