Dans l’emploi du temps de Nelson Gomes, il y a : se lever à l’aube, s’occuper de ses vingt-cinq vaches de race barrosã, avec leurs longues cornes, leur robe fauve, leur viande réputée dans tout le Portugal ; monter sur son petit tracteur pour retourner la terre de son potager. Et depuis quatre mois, dès qu’il a le temps, grimper un terrain escarpé pour «empêcher les engins de Savannah Resources de forer une parcelle qui ne leur appartient pas». L’un des sites, projette l’opérateur britannique, de la plus grande mine de lithium à ciel ouvert d’Europe.
Nelson et ses voisins de Covas do Barroso, un village de la région reculée et rurale de Trás-os-Montes, sont bien organisés. Tous les jours travaillés sont découpés en tranches qu’ils se partagent, pour les blocages, avec ceux des communes voisines également concernées par la mine de Boticas. «C’est très tranquille : les ouvriers sont des gars du coin, on se connaît, on discute», affirme Nelson Gomes, devenu ces dernières années l’une des figures de l’opposition au projet. Des habitants confient avoir plusieurs fois profité des véhicules des ouvriers de l’entreprise pour accéder au site, ou partagé leur pique-nique avec eux. Voire, qu’ils ont joué aux cartes ensemble.
Basée à Londres, Savannah Resources ambitionne depuis près de dix ans d’exploiter le sous-sol de la région, riche en lithium. Ce métal, véritable or blanc pour son utilisation dans la fabrication de batteries d’ordinateurs, de téléphones portable