Le long de la route vallonnée qui relie la capitale, Chisinau, au sud du pays, l’imposant panneau «GAGAUZYIA» rompt l’horizon. Bienvenue en Gagaouzie donc, une région autonome de la Moldavie depuis janvier 1995, qui dispose de son propre drapeau, sa propre police et son propre chef de l’exécutif. A Comrat, sa capitale, les références soviétiques sont légion. Une statue de Lénine trône devant le Parlement local. De vieillottes et rouillées étoiles rouges demeurent accrochées sur des poteaux électriques. Le cyrillique est omniprésent.
Prorusse, la Gagaouzie l’est assurément. Les autorités de cette région frontalière de l’Ukraine, peuplée de 170 000 habitants, ne s’en cachent pas. Ce qui polarise un peu plus une Moldavie déjà aux prises avec la tentation séparatiste d’une autre parcelle de son territoire, la Transnistrie (Washington a alerté le 10 mai d’une possible extension du conflit ukrainien à cette micro-république). Avant d’être élue à la tête de la Gagaouzie en 2015, la Bashkan (gouverneure), Irina Vlah, avait fait campagne claironnant le slogan «Ensemble pour la Russie». Début mai, l’Assemblée nationale populaire de Gagaouzie a adopté une loi – in fine annulée car anticonstitutionnelle – autorisant le ruban de Saint-Georges, symbole militaire et patriotique russe. Un pied de nez au gouvernement pro-eur