Le géant russe Gazprom a annoncé ce samedi 28 décembre qu’il cesserait de livrer du gaz à la Moldavie au 1er janvier. En cause, selon lui, un différend financier avec cette ex-république soviétique venant de réélire une présidente proeuropéenne. «Gazprom va introduire une réduction à zéro m3 par jour de ses livraisons de gaz naturel à la République de Moldavie, à compter du 1er janvier 2025» dès 6 heures heure française, a-t-il indiqué dans un communiqué. Une décision «liée au refus de la partie moldave de régler ses dettes», stipule le groupe, qui «se réserve le droit» de décider d’autres actions, dont celle de mettre fin à son contrat de gaz avec la Moldavie, pays parmi les plus pauvres d’Europe.
Le Premier ministre moldave, Dorin Recean, a dénoncé sur Facebook une «tactique d’oppression», la Russie usant de «l’énergie comme d’une arme politique» pour laisser des habitants «sans lumière ni chauffage en plein hiver». Selon lui, la Moldavie est malgré tout «prête à faire face» à partir d’autres sources d’approvisionnement.
Le Parlement moldave avait approuvé l’instauration d’un état d’urgence pour une durée de soixante jours, à partir du 16 décembre, en prévision de cette interruption attendue des livraisons. Vendredi, le gouvernement avait également annoncé des mesures drastiques pour réduire la consommation d’électricité dans le pays à partir du 1er janvier, notamment en limitant les éclairages et en décalant les horaires de production industrielle des heures de pointe de consommation des ménages.
La fébrilité gagne une partie de l’Est de l’Europe
Atteindre la sécurité énergétique est une priorité pour ce pays de 2,6 millions d’habitants candidat à l’adhésion européenne. Son différend commercial avec Gazprom est antérieur à l’invasion russe de l’Ukraine et concerne la filiale Moldovagaz, détenue à 50 % par le groupe russe. Après avoir brutalement augmenté ses tarifs en 2021, le géant russe avait réclamé plus de 700 millions de dollars à Chisinau, qui a toujours refusé de payer. La Moldavie, de son côté, a commandé un audit à deux cabinets occidentaux, ayant estimé sa dette à 8,6 millions de dollars, soit près de dix fois moins.
Situé entre la Roumanie et l’Ukraine, le pays recevait, avant l’invasion, du gaz russe transitant par l’Ukraine. Depuis le début du conflit, seule la région séparatiste prorusse de Transnistrie continue d’être alimentée, mais sa centrale thermique permet toujours de fournir de 30 % de l’électricité consommée par tout le pays.
Reportage
Malgré ce contexte tendu, la première présidente moldave proeuropéenne, Maia Sandu, a été investie fin décembre pour un second mandat, après un scrutin assombri par des accusations d’ingérence de Moscou. La décision de Gazprom intervient alors que la fébrilité gagne une partie de l’Est de l’Europe. L’Ukraine a en effet annoncé son intention de ne pas renouveler le contrat la liant jusqu’au 31 décembre à la Russie pour faire transiter son gaz. Un tournant qui affectera la Slovaquie et la Hongrie, ces deux pays restés proches du Kremlin malgré leur appartenance à l’UE et à l’Otan souhaitant continuer d’acheter du gaz russe. La Slovaquie a menacé Kyiv de représailles vendredi.