Dans sa première réaction officielle, elle a dénoncé «une attaque sans précédent contre la démocratie» et promis de «ne pas plier». La présidente moldave Maia Sandu a accusé dimanche 20 octobre l’ingérence notamment de «forces étrangères hostiles» dans le résultat – très serré – du référendum au principe de l’adhésion à l’Union européenne (UE). «Des groupes criminels, agissant de concert avec des forces étrangères hostiles à nos intérêts nationaux, ont attaqué notre pays à coups de dizaines de millions d’euros, de mensonges et de propagande» pour «piéger notre pays dans l’incertitude et l’instabilité», a fustigé la cheffe d’Etat pro-Europe, devant la presse, le visage grave.
Après une longue course en tête du «non», le «oui» a finalement pris le dessus (50,28 %), à quelques milliers de voix près, grâce au vote de la diaspora, après dépouillement de près de 99 % des bulletins, selon les résultats publiés ce lundi 21 octobre par la Commission électorale. Le Kremlin a immédiatement dénoncé des «anomalies» dans le décompte des voix. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a par ailleurs exigé des «preuves» concernant les «graves accusations» formulées par Maia Sandu.
Vu de Chisinau
Entre opérations de corruption et de désinformation, la police a mené ces derniers mois 350 perquisitions et procédé à des centaines d’interpellations de suspects accusés de vouloir perturber le processus électoral pour le compte de Moscou. Un système massif d’achat de votes a été révélé, visant jusqu’à un quart des électeurs attendus aux urnes dans le pays de 2,6 millions d’habitants.
D’après le groupe de réflexion WatchDog, la Russie a dépensé une centaine de millions de dollars pour influer sur le scrutin. Avec, à la manœuvre, l’oligarque Ilan Shor, réfugié à Moscou après une condamnation pour fraude. Sur les réseaux sociaux, il a ironisé sur «la déroute» de Maia Sandu et son «échec lamentable».
Maia Sandu, qui a tourné le dos à Moscou après l’invasion de l’Ukraine voisine et porté à Bruxelles la candidature de son pays, avait convoqué ce référendum pour valider sa stratégie. Et déterminer le «destin» de cette ex-république soviétique de 2,6 millions d’habitants.
Second tour tendu pour la présidentielle
Parallèlement, la candidate de 52 ans est arrivée en tête du premier tour de la présidentielle avec 38 % des voix. Elle affrontera le 3 novembre Alexandr Stoianoglo, ex-procureur de 57 ans soutenu par les socialistes prorusses, qui fait mieux que prévu avec près de 29 % des suffrages.
Première femme à occuper, en 2020, les plus hautes fonctions, cette ex-économiste de la Banque mondiale à la réputation d’incorruptible est devenue en quatre ans une personnalité européenne de premier plan.
Reportage
Dans un environnement géopolitique compliqué, avec l’Ukraine en guerre et la Géorgie accusée de dérive autoritaire prorusse, la Moldavie donnait à Bruxelles matière à espérer. Or après ce revers, ou au mieux une victoire à l’arraché, de Maia Sandu au second tour est loin d’être assurée. Alexandr Stoianoglo peut compter sur les réserves de voix de nombreux petits candidats. Pendant la campagne, cet homme à l’allure sévère a appelé à «restaurer la justice» devant un pouvoir prêt selon l’opposition à brimer les droits et a plaidé pour une politique étrangère «équilibrée», de l’UE à la Russie.
Mise à jour : à 13h35, avec l’ajout des résultats finaux.