Elle s’est avancée sur la scène, fine silhouette vêtue d’un tailleur-pantalon bleu nuit. Et la salle a éclaté en applaudissements nourris. La gorge serrée, les yeux brillants de larmes, la lumineuse Ioulia Navalnaïa a pris la parole : «Je me suis demandé si je devais rester ici devant vous ou si je devais retourner auprès de mes enfants et je me suis demandé ce qu’aurait fait Alexeï à ma place et je suis sûre qu’il se serait tenu ici sur cette scène.» Dans ce hall de Munich où les grands de ce monde, diplomates, militaires, chefs d’Etat et de gouvernement, sont rassemblés ce week-end pour la 60e conférence sur la sécurité, l’émotion est palpable.
L'édito de Dov Alfon
Quelques minutes plus tôt, la nouvelle est tombée. Alexeï Navalny, premier opposant à Vladimir Poutine, est mort à 47 ans dans la colonie pénitentiaire au-delà du cercle arctique russe où il croupissait depuis des semaines. Son épouse marque une pause, ravale ses larmes, et assène : «Si c’est la vérité, je voudrais que Poutine, tout son personnel, tout son entourage, tout son gouvernement, ses amis, sachent qu’ils seront punis pour ce qu’ils ont fait à notre pays, à ma famille et à mon mari. Ils seront traduits en justice et ce jour viendra bientôt.» Le combat d’Alexeï Navalny continue. Les applaudissements crépitent, longu