C’est un ton inimitable, qui sort d’une bouche pincée, ne découvrant que les dents du bas. Un mélange d’humour et d’autodépréciation acide, coulé du bout des lèvres – la quintessence de l’intraduisible britishness. Maggie Smith est au cinéma britannique ce que la sauce à la menthe est au gigot d’agneau outre-Manche : incontournable, relevée, et un peu étonnante pour ceux qui n’ont pas l’habitude.
«Quelqu’un a dit un jour […] qu’elle soupirait avec l’air de quelqu’un dont le pied vient de rencontrer, à nouveau, une peau de banane», écrivait en 1969 une journaliste du Guardian à son sujet. Dame Maggie s’apprête alors à recevoir l’oscar de la meilleure actrice pour les Belles Années de Miss Brodie, film dans lequel elle incarne – déjà – une professeure écossaise et excentrique. C’est la première récompense d’une longue liste qui comptera un second oscar (en 1979 pour California Hotel), trois Golden Globes, trois Emmy Awards et six Baftas, en plus des décorations réglementaires pour «services rendus aux arts de la scène».
«Stupides» chapeaux pointus
Smith n’est, de son propre aveu, pas une grande tragédienne. Shakespeare n’est «pas son dramaturge préféré» malgré ses débuts sur scène dans la Nuit des rois et Othello. Les principaux rôles classiques lui ont échappé – la faute à une certaine Judi Dench, assure-t-elle, qui est toujours la première à s’en emparer. Son talent rés