Le 6 septembre, quand le lord-lieutenant du comté et le maire d’Antrim ont soulevé le voile colombin déposé sur la statue, dans une cérémonie très officielle puisqu’ils étaient parés de vêtements militaires pour l’un, d’une longue cape rouge pour l’autre, sûrement ne se doutaient-ils pas du scandale très British qu’ils venaient de dévoiler. Car sous le voilage, la statue qui devait figurer la reine Elizabeth II, deux ans après sa mort, ressemblait certes à une vieille dame, selon ses détracteurs, mais pas la bonne : Mrs. Doubtfire.
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Depuis, cette Elizabeth de bronze, vêtue à l’écossaise, d’un kilt, d’une veste, de bottes, et portant un foulard autour de la tête et accompagnée de son époux, le prince Philip, mort en 2021, et de deux corgis, ses chiens préférés, n’en finit plus d’horripiler passants et internautes. Certains, par curiosité malsaine, font même le voyage jusqu’au jardin du château d’Antrim, ville paisible dans la grande périphérie de Belfast, en Irlande du Nord, pour voir la fameuse statue commandée à un artiste local censée refléter «la grâce, la fermeté et le dévouement» de Sa Majesté. A l’AFP, une touriste anglaise siffle : «Ça n’a aucune ressemblance avec elle, les corgis sont mieux faits que la reine, selon moi.»
«Débarrassez-vous-en»
Après avoir mis en ligne la photo de la sculpture sur les réseaux sociaux, le conseil local d’Antrim et Newtownabbey, à l’origine de la commande, a vu les critiques affluer et a depuis bloqué la possibilité de laisser des commentaires sous le cliché. Le Guardian a sélectionné ceux-ci : «En fait c’est une insulte à la mémoire de la reine, ça ressemble en rien à elle.» Moins affable : «Débarrassez-vous-en. C’est fichtrement laid.»
Réagissant aux critiques, le conseil local a reconnu que l’art pouvait susciter des «opinions différentes», mais qu’il était «ravi» des avis «généralement positifs» qu’il a reçus. Le maire, Neil Kelly, l’assure : «Ce mémorial restera un rappel durable de son dévouement au service, de sa résilience et de sa capacité à unir les gens à travers les générations.»