«Félicitations ! Votre place est dans notre famille européenne.» Le président du Conseil européen Charles Michel a annoncé ce jeudi 21 mars la décision des Vingt-Sept, réunis en sommet à Bruxelles, de donner leur feu vert à l’ouverture de négociations d’adhésion avec la Bosnie-Herzégovine. Celles-ci, cependant, ne commenceront qu’une fois réalisées un certain nombre de réformes par le pays des Balkans. «La décision d’aujourd’hui est une étape clé dans votre chemin vers l’Union européenne [UE]. Maintenant le travail difficile doit continuer», a indiqué Charles Michel. Cette décision est la dernière en date d’un mouvement vers l’élargissement de l’UE qui a gagné en vigueur depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
Les Etats-membres invitent «la Commission à préparer le cadre de négociations en vue de son adoption par le Conseil quand toutes les mesures adéquates énoncées dans la recommandation de la Commission du 12 octobre 2022 auront été prises». Les discussions ne pourront débuter qu’après l’aval de tous les gouvernements des Etats membres à ce cadre de négociations. La Bosnie-Herzégovine, pays de 3,5 millions d’habitants, a obtenu le statut de candidat en 2022 après l’avis favorable de la Commission, qui avait identifié 14 «priorités essentielles» pour des réformes. Celles-ci consistent notamment à améliorer le fonctionnement des institutions centrales, renforcer l’Etat de droit et les droits fondamentaux, la lutte contre la corruption et la criminalité organisée dans ce pays, l’un des plus pauvres d’Europe.
Un processus qui s’étale généralement sur plusieurs années
La Bosnie a ouvert ces derniers temps des négociations en vue d’un accord de coopération avec l’agence européenne de gardes-frontières Frontex. Son Parlement a adopté une loi contre le blanchiment exigée par Bruxelles ainsi qu’une loi sur la prévention de conflits d’intérêts dans les institutions. Mais il n’y a toujours pas d’accord sur la réforme des tribunaux et sur la loi électorale. Toujours très divisée après le conflit intercommunautaire qui a dévasté le pays et fait plus de 100 000 morts jusqu’aux accords de Dayton qui ont mis fin à la guerre civile en 1995, la Bosnie est séparée en deux : une entité serbe, la Republika Srpska (RS), régulièrement accusée de faire le jeu de Moscou dans la région, et une autre croato-bosniaque, dont les dirigeants souhaitent que le pays adhère à l’Otan.
Interview
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen avait en mars recommandé l’ouverture de négociations d’adhésion avec ce pays en saluant ses «progrès impressionnants». Elle avait notamment souligné qu’il était désormais «pleinement aligné» sur la politique étrangère et de sécurité de l’UE, «ce qui est crucial en ces temps troublés sur le plan géopolitique». L’ouverture de négociations est une étape dans un processus qui prend généralement de longues années avant une adhésion. De telles négociations d’adhésion ont aussi été ouvertes avec la Serbie, le Monténégro, l’Albanie et la Macédoine du Nord.