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Libération
Proche-Orient

Nétanyahou reconnaît le génocide arménien, la Turquie s’insurge

Pour Ankara, la reconnaissance par le Premier ministre israélien des événements de 1915 est une tentative d’«exploiter les tragédies passées à des fins politiques» afin de couvrir les crimes commis à Gaza.
Benyamin Nétanyahou, à Jérusalem, le 10 août. (Abir Sultan/AP)
publié aujourd'hui à 16h59

Une première dans l’histoire d’Israël. Dans un podcast animé par Patrick Bet-David, présentateur américain d’origine arménienne, et diffusé mardi 26 août, Benyamin Nétanyahou a reconnu du bout des lèvres le génocide arménien. «Je crois que la Knesset a adopté une résolution en ce sens [la reconnaissance du génocide, ndlr]», a-t-il souligné, bien qu’aucune loi n’ait jamais été votée par le Parlement israélien sur cette question, note le quotidien l’Orient-le Jour. Interrogé ensuite sur les raisons pour lesquelles aucun Premier ministre israélien n’avait jusqu’alors reconnu ce génocide, il a répondu : «Voilà, je viens de le faire.»

La déclaration a fait bondir la Turquie, qui accuse le Premier ministre de l’Etat hébreu de «couvrir» les crimes commis dans la bande de Gaza par l’armée israélienne. «Les déclarations de Netanyahou concernant les événements de 1915 sont une tentative d’exploiter les tragédies passées à des fins politiques», a écrit le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

«Mensonges»

Ankara, qui accuse régulièrement Israël de perpétrer un génocide dans la bande de Gaza, rejette catégoriquement ce terme pour qualifier le sort des Arméniens sous l’Empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale. La Turquie, issue du démantèlement de l’Empire ottoman, évoque, elle, des «massacres» doublés d’une famine, dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont péri. Ce génocide est toutefois reconnu par les gouvernements ou les Parlements de nombreux pays, dont les Etats-Unis, la France et l’Allemagne. Le nombre d’Arméniens ayant trouvé la mort est évalué entre 600 000 et 1,5 million.

Israël, dont le Premier ministre et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant sont visés par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crime contre l’humanité et crimes de guerre à Gaza, rejette catégoriquement les accusations de génocide dans le territoire palestinien, les qualifiant de «mensonges sans fondement». Les relations entre la Turquie et Israël ont été suspendues après les représailles israéliennes à Gaza au début de la guerre déclenchée par le Hamas le 7 octobre 2023.