La vita blindata depuis trente-trois ans. Procureur de Catanzaro en Calabre (sud de l’Italie), Nicola Gratteri vit sous protection policière depuis avril 1989, quand il a commencé à lutter contre la ’Ndrangheta, la mafia calabraise devenue l’une des plus puissantes organisations criminelles de la planète. Cet enfant du Mezzogiorno italien, qui voyait parfois des cadavres sur le bord de la route en allant à l’école avec les fils des boss, est à l’origine d’un vaste coup de filet, notamment au sein de la famille Mancuso en 2019. En janvier 2021, un maxi-procès avec 350 accusés et 900 témoins s’est ouvert et permet d’éclairer l’emprise de la ’Ndrangheta qui réalise chaque année environ 55 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Dans une interview à Libération, Nicola Gratteri rappelle comment la mafia calabraise a réussi à «faire système», c’est-à-dire à établir des liens avec des entrepreneurs, des fonctionnaires et des politiques pour s’infiltrer dans l’économie légale et conquérir la planète.
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Trente ans après les attentats de Capaci et de Palerme, la double mort de Giovanni Falcone et de Paolo Borsellino, l’Etat italien a-t-il pris la mesure de la puissance de la mafia, de la nécessité de lutter contre ?
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