Menu
Libération
Profil

Nigel Farage, pire cauchemar des conservateurs britanniques

Article réservé aux abonnés
Élections au Royaume-Unidossier
L’artisan du Brexit n’a jamais eu besoin d’être député pour s’affirmer comme l’un des hommes les plus influents de la droite britannique. Ses idées d’extrême droite toujours bien accrochées, il est sorti de sa retraite politique pour les élections générales du 4 juillet, qui devraient voir revenir le Labour au pouvoir. Et il se voit déjà en nouveau chef de l’opposition.
Le leader du parti d'extrême droite britannique Reform UK, Nigel Farage, lors d'une interview à la BBC, à Londres, le 21 juin 2024. (Jeff Overs/REUTERS)
par Juliette Démas, correspondante à Londres
publié le 28 juin 2024 à 17h13

Les épithètes ne manquent pas pour décrire Nigel Farage : charismatique, ambitieux, duplice, décomplexé, assuré, autoritaire, populiste… Pour le parti conservateur, dont il a séduit un bon nombre d’électeurs, l’homme est un ennemi mortel. Pour une frange de la population britannique, c’est un bon gars, un traditionaliste qui ne mâche pas ses mots et se promène en veste de chasse et casquette en tweed, ne rechignant jamais à se mêler au petit peuple dans les pubs de campagne.

Farage est surtout un trompe-la-mort. D’abord parce qu’il a réchappé à plusieurs accidents : il a survécu à un cancer, s’est fait renverser par une voiture et – plus spectaculaire encore – s’est sorti d’un crash d’avion en 2010, lorsque le deux-places dans lequel il était monté pour déployer une bannière «Votez UKIP» dans le ciel du Northamptonshire s’est écrasé sur la pelouse de l’aérodrome. Ensuite, parce que sa capacité à survivre dans la sphère médiatique et politique est remarquable, et qu’il résiste à toutes les accusations de racisme, d’extrémisme et d’incitation à la haine. Son biographe, le journaliste Michael Crick, le place parmi les cinq personnalités politiques les plus influentes des 50 dernières années, aux côtés de Tony Blair et de Margaret Thatcher, alors même qu’il n’a jamais siégé au Parlement.

Courtier à la City

Né dans le Kent, celui qui se présente comme un homme ordinaire a reçu une éducation privée à Dulwich College, à Londres, où d’anciens enseignants et ex-camarades se rappellent encore de ses vues