Les épithètes ne manquent pas pour décrire Nigel Farage : charismatique, ambitieux, duplice, décomplexé, assuré, autoritaire, populiste… Pour le parti conservateur, dont il a séduit un bon nombre d’électeurs, l’homme est un ennemi mortel. Pour une frange de la population britannique, c’est un bon gars, un traditionaliste qui ne mâche pas ses mots et se promène en veste de chasse et casquette en tweed, ne rechignant jamais à se mêler au petit peuple dans les pubs de campagne.
Farage est surtout un trompe-la-mort. D’abord parce qu’il a réchappé à plusieurs accidents : il a survécu à un cancer, s’est fait renverser par une voiture et – plus spectaculaire encore – s’est sorti d’un crash d’avion en 2010, lorsque le deux-places dans lequel il était monté pour déployer une bannière «Votez UKIP» dans le ciel du Northamptonshire s’est écrasé sur la pelouse de l’aérodrome. Ensuite, parce que sa capacité à survivre dans la sphère médiatique et politique est remarquable, et qu’il résiste à toutes les accusations de racisme, d’extrémisme et d’incitation à la haine. Son biographe, le journaliste Michael Crick, le place parmi les cinq personnalités politiques les plus influentes des 50 dernières années, aux côtés de Tony Blair et de Margaret Thatcher, alors même qu’il n’a jamais siégé au Parlement.
Courtier à la City
Né dans le Kent, celui qui se présente comme un homme ordinaire a reçu une éducation privée à Dulwich College, à Londres, où d’anciens enseignants et ex-camarades se rappellent encore de ses vues