Personne n’a vu le bateau. Ni le guide touristique, ni la vendeuse de la boutique de souvenirs, ni l’administrateur de cet avant-poste danois dans la Baltique. Personne n’a vu, non plus, l’équipage. Ni à la guérite du petit port de l’île, sur les pavés du quai polis par les siècles. Ni au café. Ni depuis la minuscule galerie d’art, en surplomb des fortifications en granit. A Christiansø, archipel de poche et sans voitures, qu’on traverse à pied en moins d’un quart d’heure, évoquer auprès des locaux la piste de l’Andromeda et l’hypothèse de son rôle dans le sabotage des gazoducs Nord Stream, provoque un dédain non dissimulé, ou des haussements d’épaules guère plus indulgents.
A lire aussi
Joli caillou
Un épisode de cette énigme géopolitique, très sensible et non résolue depuis neuf mois – les uns accusant les Russes, les autres les Etats-Unis, ou les Ukrainiens, ou des acteurs non-étatiques soutiens de Kyiv, d’être les saboteurs –, se serait pourtant joué sur ce joli caillou égaré en pleine mer Baltique, à une vingtaine de kilomètres au nord-est de l’île de Bornholm. Selon des révélations de la presse internationale et des éléments dévoilés par une enquête de la police allemande, l’Andromeda, petit voilier de 15 mètres de long, aurait fait escale dans le port de Christiansø, a