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Libération
Reportage

«Nous n’aurons rien à part la pollution» : en Hongrie, climat électrique près des usines de batteries chinoises

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A Debrecen, dans l’est du pays, la plus grande fabrique de batteries pour voitures électriques d’Europe sort de terre, en dépit de l’inquiétude des habitants. Aidé d’entreprises asiatiques, Viktor Orbán accélère ainsi son plan de production de masse, malgré des risques environnementaux.
Le chantier de l’usine chinoise de batteries pour voitures électriques CATL, à Debrecen en Hongrie. (Andras Zoltai)
publié le 21 février 2024 à 16h01

Plongée dans le brouillard et balayée par des bourrasques de neige, la carcasse de l’usine paraît interminable. Les grues et les piliers de béton se succèdent sans relâche, formant une silhouette fantomatique traversée par les flashs orange des engins de chantier. D’ici à moins de deux ans, la plus grande usine de batteries de Hongrie et d’Europe se dressera ici, à l’extrémité sud de Debrecen, dans une ancienne plaine agricole transformée en zone industrielle dans l’est du pays. «Les autorisations ont été délivrées en quelques mois à peine et les travaux vont à une vitesse folle», s’inquiète Eva Kozma, présidente de l’association de riverains Miakö, qui s’oppose au projet.

Depuis 2020, la Hongrie va effectivement très vite sur les batteries. Le Premier ministre Viktor Orbán a lancé un plan national pour faire du pays un producteur d’ampleur mondiale. Sa stratégie repose sur deux données. D’une part, toutes les voitures neuves vendues dans l’Union européenne à partir de 2035 devront être électriques, et donc dotées d’une batterie. D’autre part, l’économie hongroise dépend assez largement de la construction automobile, qui représente au moins 6% de son PIB. Pour garder dans le pays les nombreuses marques allemandes qui y ont élu domicile, le gouvernement sait qu’il faudra produire sur place les batteries pour raccourcir les chaînes logistiques.

«Ouverture à l’est»

Mais pour réussir son pari, Budapest mise largement sur un investisseur : la Chine. Derrière la trentaine d’usines prévues d’ici