Pendant que les forces russes ont lancé ce dimanche 24 mars à l’aube de nouvelles attaques aériennes massives sur Kyiv et d’autres régions d’Ukraine, un missile de croisière a violé l’espace aérien polonais, a indiqué l’armée de ce pays. Pendant environ une quarantaine de secondes, «l’espace aérien polonais a été violé par l’un des missiles de croisière lancés cette nuit par l’aviation […] de la Fédération de Russie», a indiqué le commandement de l’armée sur le service X.
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Dans la foulée, la Pologne a affirmé qu’elle exigera des explications de la part de Moscou pour «une nouvelle violation de l’espace aérien» par un missile de croisière russe. «Avant tout, nous demandons à la Fédération de Russie de mettre fin aux frappes aériennes terroristes contre la population et le territoire de l’Ukraine, de mettre fin à la guerre et de s’occuper des problèmes internes du pays», a écrit le porte-parole du ministère polonais des Affaires étrangères, Pawel Wronski, dans un communiqué.
Un autre incident de ce type a eu lieu en décembre lorsque qu’un missile russe a pénétré dans l’espace aérien polonais avant de quitter cet espace quelques minutes après, en direction de l’Ukraine.
Plus tôt dimanche, l’armée polonaise avait déjà relevé son niveau d’alerte face à l’intense activité militaire près de sa frontière. Selon Serguiï Popko, chef de l’administration militaire de Kyiv, l’armée russe a attaqué la capitale à l’aide de missiles de croisière tirés depuis des bombardiers stratégiques Tu-95MS. La défense ukrainienne «a abattu environ une dizaine de missiles ennemis au-dessus de Kyiv et dans les environs de la capitale», a écrit Serguiï Popko sur le réseau social Telegram, précisant que selon des informations préliminaires, il n’y avait ni victime ni dégâts. D’après Serguiï Popko, l’attaque a été lancée depuis la région de Saratov, dans le sud-ouest de la Russie.
Troisième fois en une semaine
Pour la troisième fois en une semaine, l’ensemble du territoire ukrainien a été placé en état d’alerte durant la nuit. Cette alerte a duré deux heures dans la capitale, selon Serguiï Popko. Des missiles russes et des drones explosifs Shahed de fabrication iranienne se sont également abattus sur le district de Striï, au sud de la ville de Lviv (ouest), selon le gouverneur régional Maksym Kozytskiï. «La cible, ce sont les infrastructures critiques», a indiqué le maire de Lviv, Andriï Sadovy, qui a dénombré environ 20 missiles et sept drones. Dans la nuit de jeudi à vendredi, des attaques massives de missiles et de drones russes avaient déjà visé les infrastructures énergétiques ukrainiennes, causant des coupures d’électricité.
Alors que des observateurs craignaient une réponse violente de la part de la Russie après l’attentat à Moscou qui a fait au moins 133 morts vendredi - Vladimir Poutine accuse l’Ukraine d’avoir «ouvert une fenêtre» pour que les assaillants en fuite passent la frontière -, l’attaque russe de ce dimanche, massive, n’est néanmoins pas plus importante que les autres offensives des dernières semaines.
Aviation polonaise «activée»
La ville de Striï se trouve à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec la Pologne, membre de l’Otan, qui a relevé son niveau d’alerte face à ces bombardements proches de son territoire. Le commandement opérationnel des forces armées polonaises (RSZ) «observe une intense activité de l’aviation à longue portée de la Fédération de Russie» dans la nuit, a-t-il indiqué sur Facebook. «Toutes les procédures nécessaires pour assurer la sécurité de l’espace aérien polonais ont été activées et le RSZ surveille la situation en permanence», a-t-il poursuivi, ajoutant que l’aviation polonaise et alliée avait été «activée».
En décembre, la Pologne, l’un des plus fidèles alliés de Kyiv, avait dénoncé le survol de son territoire pendant trois minutes par un missile de croisière russe lancé vers l’Ukraine.
Diplomatie
La Russie a par ailleurs affirmé samedi soir avoir repoussé une attaque de dix missiles ukrainiens visant la ville de Sébastopol en Crimée, péninsule annexée en 2014 par Moscou, a indiqué son gouverneur. «Nos militaires repoussent une attaque massive sur Sébastopol. Selon les premières informations, plus de dix missiles ont été abattus», a affirmé Mikhaïl Razvojaïev sur Telegram. Il a ensuite précisé que l’attaque avait fait un mort, un civil de 65 ans touché par un débris de missile, et quatre blessés parmi lesquels un adolescent.
L’armée ukrainienne a de son côté annoncé dimanche dans la matinée avoir touché deux navires russes lors d’une attaque sur Sébastopol, le grand port de la péninsule de Crimée que la Russie a annexée en 2014. «Les forces armées ukrainiennes ont réussi à toucher les navires amphibies Yamal et Azov, ainsi qu’un centre de communications et d’autres infrastructures de la Flotte russe de la Mer Noire», a annoncé dans un communiqué le centre de communications des forces armées ukrainiennes.
La Crimée est régulièrement visée par l’armée ukrainienne à l’aide de missiles et de drones en raison de son importance pour la logistique des forces russes occupant le sud de l’Ukraine.
L’Ukraine, confrontée à l’invasion russe et des bombardements quotidiens de ses villes depuis plus de deux ans, a promis de répliquer en portant les combats sur le sol russe. Samedi, une attaque de drones ukrainiens a notamment fait un mort et deux blessés dans la région russe de Belgorod, proche de la frontière et régulièrement attaquée.
Mise à jour à 10h18, ajout de la réaction de Varsovie ainsi que de l’annonce de frappes ukrainiennes sur deux navires russes.