Menu
Libération
Diplomatie

Olaf Scholz et Vladimir Poutine s’appellent pour parler de l’Ukraine, Kyiv s’indigne

Guerre entre l'Ukraine et la Russiedossier
Le coup de téléphone entre les deux chefs d’Etat, vendredi 15 novembre, n’a fait évoluer aucune position des deux parties, sans apporter «aucune valeur ajoutée», a critiqué la diplomatie ukrainienne.
Le chancelier Olaf Scholz pendant son appel avec Vladimir Poutine, vendredi 15 novembre. (Steffen Kugler/Bundesregierung/Getty Images via AFP)
publié le 15 novembre 2024 à 21h08

A l’occasion de leur premier appel en près de deux ans, Olaf Scholz et Vladimir Poutine ont réaffirmé ce vendredi 15 novembre leurs positions sur le conflit ukrainien. Lors de cet entretien d’une heure, le chancelier allemand a demandé à la Russie de montrer sa «volonté d’entamer des négociations avec l’Ukraine en vue d’une paix juste et durable», selon un communiqué du gouvernement allemand. Le président russe a lui répété que tout accord de paix devrait refléter les «nouvelles réalités territoriales», selon le Kremlin. La Russie est ouverte à des négociations de paix, mais avec des «concessions» de la part de Kyiv : la cession des territoires ukrainiens que Moscou a annexés en 2022 sans les contrôler totalement. Une condition inenvisageable pour l’Ukraine.

La chancellerie a précisé qu’Olaf Scholz s’était au préalable entretenu avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et qu’il lui reparlerait à l’issue de son entretien avec le président russe. Ce qui n’a pas suffi à éviter la colère ukrainienne qui a vu dans cet échange «une tentative d’apaisement» de Berlin envers Moscou. «Les conversations avec le dictateur russe n’apportent à elles seules aucune valeur ajoutée pour parvenir à une paix juste», a fustigé le porte-parole de la diplomatie, Guéorguiï Tykhy, appelant plutôt à «des actions concrètes et fortes» pour contraindre la Russie à la paix.

Les alliés de l’Allemagne informés

Washington, Paris et Londres connaissaient l’intention d’Olaf Scholz d’appeler le dirigeant russe sans toutefois que les messages aient été «coordonnés», selon l’entourage du président français, Emmanuel Macron. Berlin «s’est assuré ou s’assurera» que ses alliés de l’UE et de l’Otan soient informés de cet échange, précise-t-on à la chancellerie. Olaf Scholz rencontrera notamment les dirigeants du G20 mardi lors du sommet organisé au Brésil et une réunion de plusieurs chefs de la diplomatie de l’UE est prévue le même jour à Varsovie pour marquer les mille jours du début de la guerre en Ukraine.

Dans un premier commentaire vendredi, le chef du gouvernement polonais, Donald Tusk, s’est félicité qu’Olaf Scholz ait dit à Poutine que «rien sur l’Ukraine» ne se ferait «sans l’Ukraine». Le chancelier allemand a également redit au dirigeant russe «la détermination» de l’Allemagne et de l’UE à soutenir le pays «aussi longtemps que nécessaire».

Selon le Kremlin, qui a qualifié l’échange de «franc et détaillé», l’appel a eu lieu «à l’initiative de la partie allemande». Depuis l’invasion russe, l’Allemagne, partenaire énergétique historique de la Russie, est le deuxième fournisseur d’aide militaire à Kyiv, après les Etats-Unis. Mais malgré les demandes répétées de Volodymyr Zelensky, le chancelier Scholz a inlassablement refusé de fournir des missiles à longue portée Taurus réclamés par l’Ukraine pour mieux se défendre. Cette crainte d’une escalade avec Moscou régulièrement mise en avant par le dirigeant allemand lui vaut aussi des critiques de certains de ses alliés européens qui lui reprochent son manque de détermination.