L’école primaire de Pontacq, 3 000 habitants, à la lisière entre les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées, semble tout droit sortie d’une illustration de Sempé. Des murs blancs, des grandes fenêtres. Une cour de récréation asphaltée avec des panneaux de basket, un petit préau vitré, un garage à vélo sous un vieil arbre. Même les noms de famille des écoliers sont pratiquement les mêmes de génération en génération. Depuis des décennies, rien ou presque n’a changé ici. La salle de classe qui, il y a vingt ans, abritait les CM2, est maintenant la salle de CP. L’école s’appelle désormais «Groupe scolaire Simone-Veil». C’est à peu près tout.
Dans une salle, quelques gamins sont au tableau : des élèves un peu en difficulté l’année dernière, qui se remettent au niveau avant la rentrée toute proche. Dans la cour, Denis nous attend. Il a 7 ans, porte une raie sur le côté soigneusement dessinée, et un gilet brodé sur une vychyvanka bleue et blanche, la veste traditionnelle ukrainienne. Il est magnifique et il le sait, offrant de larges sourires d’enfant aux adultes qui s’extasient sur lui. Dans quelques jours, lui aussi va faire sa rentrée ici.
Denis et sa famille, sa mère Natalia, ses deux grands frères Bohdan et Serhiy, et leur petit chien Alissa, sont arrivés à Pontacq en mai, dans le convoi d’une vingtaine de réfugiés affrété par u