
Reportage
«On ne se cache pas» : la France en pleine démonstration de force diplomatique et stratégique dans le nord de la Suède
«Bandit à 190 degrés, 24 milles nautiques du point de référence, 26 000 pieds.» Au-dessus de l’immensité de forêts et de lacs qui couvre la Laponie, un avion-radar français communique les positions de chasseurs Gripen suédois. Lestés de bombes de 250 kg à guidage laser sous leurs ailes et venus directement de France, des Rafale tentent de tromper les radars de défense aérienne. Au sol, des forces spéciales «illuminent» avec un laser la cible du raid. Une bombe française passe sous les nuages et délivre une «masse de violence», selon les mots d‘un pilote, sur la cible : une simulation d‘un système de missiles sol-air de conception soviétique. En cette journée de fin avril, la moitié nord de la Suède est un vaste théâtre où nationalités, rôles et dialogues s’entrecroisent sur fond de menaces russes, de rhétorique nucléaire et de négociations de gros contrats d‘armement.
Depuis trois ans, l’enlisement de la guerre en Ukraine a rappelé que posséder la supériorité aérienne dans les premiers jours d’un conflit est cruciale. Et alors qu’un cessez-le-feu, actuellement en discussion, permettrait à Moscou de redéployer ses forces en Baltique et dans la mer de Barents, la mission française «Pégase Grand Nord 2025» est une