Aleksandar Karajcic n’avait jusqu’alors jamais pris part à une manifestation. Cet éleveur laitier du village de Gornje Nedeljice, dans la vallée de Jadar, dans l’ouest de la Serbie, s’est soudainement retrouvé au cœur des mobilisations locales il y a deux ans, en découvrant le projet de mine de lithium et de bore du géant Rio Tinto, à quelques pas de sa maison. «C’est la première fois et la dernière fois de ma vie que je me mobiliserai ainsi», affirme Aleksandar Karajcic, devenu président de l’association s’opposant à la mine, Ne damo Jadar («Ne donnons pas le Jadar»).
En cette fin février, il se rend tous les jours devant la grosse bâtisse où l’entreprise minière anglo-australienne a installé ses bureaux. Ce vendredi matin-là, une douzaine de membres de l’association fument quelques cigarettes sous les yeux flegmatiques de policiers presque aussi nombreux, de l’autre côté de la route terreuse. «On veut juste qu’ils partent d’ici pour protéger notre terre», expose Aleksandar Karajcic, les mains dans les poches de sa doudoune bleu ciel. La semaine précédente, un certain nombre de ces militants ont campé tous les jours dans le parc devant l’Assemblée nationale, dans le centre de la capitale, Belgrade. Ils sont allés appuyer leur demande de moratoire sur l’exploration du lithium et du bore en Serbie pendant vingt ans.
Une supercherie ?
Beaucoup sont des agriculteurs du coin qui, comme Aleksandar Karajcic, n’avaient jamais brandi une pancarte de leur vie. Pourtant, leur mobilisation c