Le Covid a des effets surprenants. En Grèce, c’est la résurrection du Christ qui aura lieu trois heures plus tôt cette année. Confiné depuis le 7 novembre, le pays entame, ce 3 mai, son déconfinement. Juste après les célébrations de la Pâques orthodoxe qui ont lieu, elles, du vendredi 30 avril jusqu’au lundi 2 mai. Le gouvernement espère ainsi éviter les rassemblements familiaux car la Pâques est une fête familiale par excellence.
En réalité, dans ce pays où il n’y a pas de séparation entre l’Eglise et l’Etat, l’Eglise est partout : des icônes jonchent les murs des administrations. Même les ministres jurent sur la Bible lors de leur prise de fonction. A l’exception notable du gouvernement de la gauche grecque (Syriza) dirigé par Alexis Tsipras, entre 2015 et 2019, dont les ministres avaient prêté serment sur l’honneur. Selon l’enquête d’opinion publiée en octobre 2018 par le Pew Research Center, 76 % des Grecs considèrent la religion comme un élément clé de l’identité nationale (en France, seuls 32 % des citoyens partagent cette opinion). Autant dire qu’à Pâques, c’est la trêve des confiseurs, mais pas celle de l’Eglise.
Les rituels suivent un déroulé très précis. Habituellement, le «Grand Vendredi», les épitaphes sont sortis des Eglises et transportés, en procession, dans le quartier. Le Samedi soir, à minuit, les Eglises sont pleines pour une messe à l’issue de laquelle les croyants (et les non croyants) se disent à minuit : «le Christ est ressuscité», suivi de la sempiterne