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Libération
Bataille du rail

Paris-Londres : Eurostar passe commande de 50 trains auprès d’Alstom pour se préparer à la concurrence

La compagnie ferroviaire qui assure la liaison transmanche devrait augmenter sa capacité de transport de 30 % avec ce contrat à 2 milliards d’euros. Histoire de fourbir ses armes avant l’arrivée sur le marché de Trenitalia, Virgin et autres.

Un TGV Eurostar, en France, en 2014. (Enzojz/Getty Images)
Publié le 22/10/2025 à 11h26

De plus en plus de rames dans le tunnel sous la Manche. La célèbre compagnie ferroviaire Eurostar, qui a transporté l’année dernière 19,5 millions de passagers entre gare du Nord et St Pancras, a annoncé ce mercredi 22 octobre la construction de 50 nouveaux trains, dont 20 en option.

La commande de 2 milliards d’euros a été passée auprès du groupe industriel français Alstom, qui donne à Eurostar «la capacité d’avoir des livraisons beaucoup plus rapidement» qu’avec les constructeurs concurrents, a expliqué à l’AFP la directrice générale d’Eurostar, Gwendoline Cazenave.

Optique «haut de gamme»

Les premiers trains issus de cette commande, baptisés Eurostar Celestia et qui ont vocation à remplacer des modèles anciens, devraient entrer en service en 2031, a précisé Eurostar dans un communiqué. La compagnie espère être livrée de la totalité des rames «au milieu des années 2030», à raison de 15 rames par an.

Une fois les 50 exemplaires livrés, la filiale de la SNCF disposera de 67 rames, soit «une augmentation globale de 30 % par rapport à aujourd’hui». Des wagons qui pourront transporter 30 millions de passagers par an entre le Royaume-Uni, la Belgique, la France, les Pays-Bas et l’Allemagne, espère Eurostar. Bientôt, la compagnie ouvrira également une liaison jusqu’à Genève.

Les nouvelles rames Eurostar Celestia, qui permettront chacune de transporter plus de 540 voyageurs, seront «conçues sur mesure» dans une optique «haut de gamme», selon le communiqué. Une déclinaison de l’Avelia Horizon, le modèle fleuron à deux étages d’Alstom, dont la SNCF a commandé 115 exemplaires.

Nouveaux opérateurs

Avec cette commande, Eurostar entend aussi se préparer à l’arrivée d’une nouvelle concurrence sur son segment le plus prolifique, entre Paris et Londres : le transporteur ferroviaire italien Trenitalia et le britannique Virgin ont dit vouloir ouvrir une ligne entre les deux capitales d’ici 2029. D’autres compagnies, dont l’espagnole Evolyn et la néerlandaise Heuro, sont intéressées.

Eurotunnel, la société qui gère le tunnel sous la Manche, ne cesse de chercher à attirer de nouveaux opérateurs, l’infrastructure étant en mesure d’accueillir jusqu’à 1 000 trains par jour, contre 400 actuellement (entre Eurostar, Shuttle et fret), avait indiqué son directeur général Yann Leriche. Un appel à la concurrence justifié par les 8 millions de personnes transportées chaque année sur le Paris-Londres, auxquelles devraient s’ajouter deux millions de passagers supplémentaires d’ici 203O.

Face à cette affluence, le groupe britannique London St. Pancras Highspeed, qui exploite la ligne à grande vitesse reliant Londres au tunnel sous la Manche, estime lui aussi qu’elle ne fonctionne qu’à 50 % de sa capacité.

Eurostar réclame, avant même l’arrivée des concurrents, des espaces supplémentaires pour les voyageurs comme pour les trains alors que les infrastructures sont déjà saturées autant dans la gare londonienne de St Pancras qu’à la gare du Nord à Paris. En 2024, la capacité opérationnelle de St Pancras était de 1 800 voyageurs par heure, selon la compagnie, qui vise près de 5 000 par heure en 2028. Pour les usagers, l’ouverture à la concurrence aura peut-être le bénéfice d’engendrer une guerre des prix, les billets de train étant souvent bien plus chers que ceux de l’avion sur le Paris-Londres, malgré des premiers tarifs à 39 livres (ou 44 euros).