Le parti néerlandais d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders a remporté les élections législatives mercredi 22 novembre, suggèrent les sondages à la sortie des urnes, ce qui, si cela était confirmé, provoquerait un séisme politique bien au-delà des frontières des Pays-Bas.
Le Parti de la Liberté (PVV) aurait remporté 35 sièges sur 150, et une victoire électorale confortable, selon le sondage Ipsos. L’alliance de gauche et écologiste de l’ancien vice-président de la Commission européenne, Frans Timmermans, se placerait deuxième, avec 25 sièges. Le Parti populaire pour la liberté et la démocratie (VVD), de centre-droit, qui domine la scène politique néerlandaise depuis plus de dix ans et auquel appartient le Premier ministre sortant, Mark Rutte, aurait remporté 24 sièges. Le Nouveau Contrat social (NSC), fondé en août par l’ancien chrétien-démocrate Pieter Omtzigt, raflerait, lui, 20 sièges.
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En cas de confirmation, une fois les résultats définitifs connus, la victoire de Wilders, au programme anti-immigration, comprenant la fermeture des frontières et l’expulsion des immigrés illégaux, marquerait un brusque virage à droite, qui sera accueilli avec appréhension à Bruxelles, d’autant que le PVV a par ailleurs promis un référendum sur l’adhésion des Pays-Bas à l’Union européenne. «Ce n’est peut-être pas ce que recherchent d’autres partis en Europe ou dans d’autres pays, mais bon, c’est ça la démocratie», a déclaré le responsable politique d’extrême droite, après avoir voté.
Ces premières estimations connues, le Premier ministre nationaliste hongrois, Viktor Orban, a salué sur X (ex-Twitter) «les vents du changement». La cheffe de file du Rassemblement national français, Marine Le Pen, a félicité Geert Wilders et son parti «pour leur performance spectaculaire aux législatives, qui confirme l’attachement croissant à la défense des identités nationales».
«Impasse constitutionnelle» en vue
Mais si Wilders semble avoir triomphé dans les sondages, il n’est pas sûr qu’il parvienne à former une coalition de gouvernement. Les dirigeants des trois autres principaux partis ont assuré qu’ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV. Kate Parker, du service d’analyse Economist Intelligence Unit, a déclaré que cela conduirait à une «impasse constitutionnelle» dans la cinquième économie de l’UE.
A la sortie des urnes, Pieter Omtzigt, qui adopte également une ligne dure sur l’immigration, s’est toutefois dit «disponible» pour diriger les Pays-Bas tout en concédant que le processus ne serait «pas facile». Frans Timmermans a lui d’emblée rejeté l’idée de rejoindre une coalition comprenant Geert Wilders. «Le moment est venu pour nous de défendre la démocratie», a-t-il déclaré.
Geert Wilders et sa crinière péroxydée sont présents depuis des décennies dans le paysage politique néerlandais. N’hésitant pas à traiter les Marocains de «racailles», ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Wilders a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu’il nomme une «invasion islamique» de l’Occident. Ni les démêlés avec la justice néerlandaise, qui l’a reconnu coupable d’insultes à des Marocains, ni les menaces de mort à son encontre, qui le font vivre sous protection policière depuis 2004, ne l’ont découragé. «Je ne regrette pas de m’être battu pour la liberté», avait déclaré Wilders à la veille des élections législatives de 2021.
Xénophobie
Mais si l’immigration est restée un sujet clé de la compagne, les Néerlandais s’inquiètent encore plus de «savoir s’il leur reste encore de l’argent dans leur portefeuille», a-t-il martelé. Il a promis de se concentrer davantage sur «la sécurité et les soins de santé» que sur son opposition à l’islam.
Il a aussi assuré devant des journalistes à La Haye qu’il serait Premier ministre pour «tout le monde aux Pays-Bas, quels que soient leur religion, leur origine, leur sexe ou autre». Mais le manifeste du PVV a conservé le fond xénophobe qui est sa marque de fabrique.
Wilders participait à sa sixième élection, après avoir failli provoquer la surprise à plusieurs reprises. «Quand j’ai quitté mon ancien parti [le VVD, ndlr], […] j’ai dit qu’un jour nous deviendrons le plus grand parti», avait lancé Wilders aux journalistes, en votant. Les urnes pourraient avoir donné raison au leader d’extrême droite.
Mis à jour : jeudi 23 novembre à 7 h 40 avec des résultats affinés et de premières réactions.