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Libération
Kompromat ?

Photos intimes, soupçons d’espionnage et mort suspecte : cette mystérieuse affaire qui embarrasse la Suède

Arrêté il y a une semaine par les services de renseignement suédois avant d’être remis en liberté, un diplomate soupçonné d’espionnage a été retrouvé mort dans la nuit de jeudi 15 à vendredi 16 mai.
(Marco Piunti/Getty Images)
publié le 16 mai 2025 à 14h59

L’histoire est intrigante, et potentiellement inquiétante pour le Premier ministre suédois, Ulf Kristersson. Car le 8 mai, son nouveau conseiller à la Sécurité nationale, un certain Tobias Thyberg, a annoncé qu’il démissionnait de son nouveau poste, seulement douze heures après avoir été nommé. Selon le journal conservateur suédois Svenska Dagbladet, la cause de ce départ soudain vient de l’envoi de photos intimes de Tobias Thyberg, dont une de son pénis, à des rédactions suédoises et à la chancellerie du gouvernement, seulement trente-trois minutes après sa promotion. Les images en question proviendraient de son ancien compte Grindr, une application de rencontre gay.

Soupçonné d’espionnage et d’un lien avec cette histoire, un diplomate avait été arrêté par les services de renseignement suédois il y a une semaine. Les faits qui lui sont reprochés se seraient déroulés à Stockholm entre le 1er et le 11 mai. Mercredi, son avocat avait indiqué que son client rejetait toutes les allégations d’espionnage. Il a également affirmé que le diplomate s’était rendu à l’hôpital après avoir été finalement remis en liberté le même jour, et avait dénoncé l’usage excessif de la force par la police lors de son arrestation.

La menace d’une guerre hybride

L’avocat a par ailleurs déclaré à l’agence suédoise TT qu’un certain nombre de «circonstances étranges» avaient entouré l’interpellation de son client : les agents criaient selon lui dans d’autres langues que le suédois, ne portaient pas d’uniforme et ne s’étaient présentés comme étant des policiers qu’après avoir fait monter le suspect dans une voiture. Les services de renseignement suédois avaient pour leur part assuré lundi que l’opération s’était «déroulée dans le calme».

Sauf que le diplomate vient d’être retrouvé mort, dans la nuit du jeudi 15 au vendredi 16 mai, selon le gouvernement suédois et les médias locaux. «Nous pouvons malheureusement confirmer qu’un collaborateur du ministère des Affaires étrangères est décédé. Par respect pour les proches, nous ne donnerons aucun autre détail», a déclaré, laconique, le ministère des Affaires étrangères. Les médias suédois confirment qu’il s’agit bien de celui qui avait été arrêté.

Ces dernières années, les autorités suédoises ont souvent exprimé leur inquiétude face aux menaces croissantes de puissances étrangères telles que la Russie, la Chine et l’Iran, et redoutent la guerre hybride menée par des groupes qui pratiquent aussi bien des attaques physiques que des activités d’espionnage. En mars, les services de renseignement avaient dit craindre des opérations de déstabilisation visant la Suède et l’Europe.