Alors que la Russie a envahi l’Ukraine il y a plus de huit mois, les entreprises gazières publiques des deux pays, Gazprom et Naftogaz, continuent de faire affaire, quoique de plus en plus difficilement. Du gaz russe est en effet toujours acheminé à travers le territoire ukrainien par GTSOU, le gestionnaire national du système de transport de gaz, vers l’Europe de l’Est. Le résultat d’un contrat signé entre Naftogaz, GTSOU et Gazprom en décembre 2019, pour la période 2020-2024, engageant Kyiv à faire transiter la ressource russe via des gazoducs qu’elle possède, et Moscou à s’acquitter d’un péage.
Selon l’expert en énergie et professeur à Sciences-Po Thierry Bros, les flux gaziers venant de Russie jusqu’à l’Europe sont passés de 14 milliards de mètres cubes par mois en moyenne en 2019, dernière année considérée comme statistiquement normale (2020 ayant été marquée par la pandémie de Covid, et 2021 par le début de l’utilisation de l’arme gazière par Gazprom, dès l’été), à 2 milliards de mètres cubes aujourd’hui. Une moitié transite par le gazoduc TurkStream, qui relie la Russie à la Turquie. L’autre moitié par l’Ukraine et son dense réseau de tuyaux, le gazoduc Brotherhood («fraternité»).
Interview
Si la Russie a longtemps été le principal fournisseur de gaz de l’Europe, l’Ukraine, elle, a été le passage oblig