Pour comprendre le scandale, il faut remonter au tout début du siècle. A l’approche du millenium, le Royaume-Uni se modernise. Le gouvernement britannique passe un accord avec une branche du groupe japonais Fujitsu, qu’il charge de développer un logiciel de comptabilité pour certains bureaux de poste. Les négociations sont tendues, mais le projet finit par aboutir. Il s’appellera Horizon.
Christopher Trousdale n’a pas 20 ans quand il interrompt ses études de design et de marketing pour reprendre le bureau de poste de Lealholm, un petit village du nord de l’Angleterre. Son grand-père et son arrière-grand-mère y ont travaillé. Il est alors fier de reprendre leur flambeau, et d’éviter la fermeture de la branche. «Etre postier, c’était être un des piliers de la communauté : on était à la fois psy, médecin et spécialiste informatique, se rappelle-t-il. Aujourd’hui, tout se fait en ligne, mais à cette époque, les gens venaient récupérer leur retraite, payer leur taxe d’habitation ou leur redevance audiovisuelle, faire leur permis de chasse, régler leurs factures… Ce n’est pas un emploi qu’on donne à n’importe qui, il fallait avoir été approuvé ! C’est ce qui rend cette histoire encore plus bizarre.»
Les premiers ennuis arrivent vite : Christopher trouve des erreurs dans les paiements, les comptes ne sont pas justes. En neuf mois, il appelle 181 fois le numéro de dépannage informatique. Il passe des soirées entières à revoir les comptes, à relire les reçus pour t