La température de l’eau ne dépasse pas les 8°C. Ricky Holmes enfile ses chaussons adhésifs, prend une grande inspiration, et s’avance dans le lac à petits pas prudents. Mary Elizabeth O’Hagan est déjà en train de nager. Ensemble, ils font quelques longueurs dans la marina de Ballyronan, comme insensibles au froid hivernal qui s’est installé en Irlande du Nord.
«Je me suis mis à la nage en extérieur pour ma santé mentale, ça aide contre la dépression», explique Ricky, une fois séché, sous son peignoir coupe-vent. «Pour moi, ça aide avec mes douleurs chroniques liées à l’arthrite et à la fibromyalgie. Soit je prends des antidouleurs qui m’assomment, soit je vais nager et je peux fonctionner normalement», ajoute Mary Elizabeth O’Hagan. En temps normal, ils viendraient trois à quatre fois par semaine faire trempette dans le lac. Mais il a «pourri» cet été, et ils viennent à peine de s’y remettre. La surface du Lough Neagh, le plus grand lac du Royaume-Uni, s’est recouverte aux beaux jours d’une épaisse couche odorante et inquiétante : des cyanobactéries, aussi appelées algues bleu-vert.
Une fin de printemps très sèche et un début d’été particulièrement pluvieux ont précipité le phénomène. Les scientifiques identifient au moins trois raisons à cette couche opa