Il aura fallu moins de 48 heures aux enquêteurs lettons pour faire la lumière sur l’origine du drone russe qui s’est écrasé en Lettonie samedi. Dans une déclaration à la presse ce lundi 9 septembre, les services des forces armées du pays assurent que l’aéronef télépiloté était un modèle Shahed, de conception iranienne, et chargé d’explosifs. Le colonel Viesturs Masulis, commandant de l’armée de l’air lettone, a estimé que «le drone ne visait pas de cible militaire (...), il a en quelque sorte dévié en Lettonie». «Le drone a été repéré par nos défenses aériennes alors qu’il se trouvait encore dans l’espace aérien du Bélarus, ce qui nous a donné le temps de réagir», a-t-il précisé. Le ministre de la Défense, Andris Spruds, a déclaré que l’armée lettonne avait envoyé des unités antiaériennes mobiles supplémentaires dans les zones frontalières du pays.
Les violations de l’espace aérien de l’OTAN en augmentation
Dimanche, Edgars Rinkevics, le président de la République lettonne avait annoncé qu’un drone militaire russe s’était écrasé en Lettonie samedi, ajoutant que les violations de l’espace aérien de l’OTAN étaient en augmentation. L’État balte, par le passé sous domination soviétique mais aujourd’hui membre de l’Union européenne et de l’alliance atlantique, a entretenu des relations tendues avec Moscou après son indépendance. Des rapports qui ne se sont pas améliorés depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022.
Un «drone militaire russe […] s’est écrasé dans l’est de la Lettonie hier. Une enquête est en cours», avait ainsi posté sur X (anciennement twitter) le président Edgars Rinkevics. Et d’ajouter : «Nous sommes en contact étroit avec nos alliés. Le nombre d’incidents de ce type augmente le long du flanc oriental de l’Otan et nous devons y faire face collectivement».
Russian military drone has crashed in the Eastern part of Latvia yesterday. There is an ongoing investigation. We are in close contact with our allies. The number of such incidents is increasing along the Eastern flank of NATO and we must address them collectively.
— Edgars Rinkēvičs (@edgarsrinkevics) September 8, 2024
Dans un communiqué publié dimanche, le ministre letton de la Défense précise que le drone a pénétré l’espace aérien du pays depuis le Bélarus avant de s’écraser sur la ville de Rezekne, sans faire de victime. «Cette situation confirme que nous devons poursuivre le travail entamé pour renforcer la frontière orientale de la Lettonie, notamment en développant des capacités de défense aérienne et de guerre électronique afin de limiter les activités des drones», avait pointé le ministre de la Défense, Andris Spruds.
La Pologne et la Roumanie plaident pour avoir le droit d’utiliser la défense aérienne contre les missiles et drones russes
Bien plus au sud de l’Europe, un autre pays membre de l’OTAN a observé une incursion similaire au cours de la nuit de samedi à dimanche. En Roumanie, c’est un drone russe déployé pour une mission ciblant des infrastructures civiles ukrainiennes qui a été repéré pénétrant l’espace aérien roumain. Bucarest a fermement condamné la «nouvelle violation» provoquée par les «attaques illégales» de Moscou. «Aujourd’hui, des drones russes ont violé l’espace aérien roumain et letton. C’est un rappel brutal que les actions agressives de la Russie s’étendent au-delà de l’Ukraine», a écrit sur X le ministre ukrainien des Affaires étrangères, plaidant pour la possibilité «d’utiliser la défense aérienne des partenaires (de l’Otan) pour intercepter les missiles et les drones russes au-dessus de l’Ukraine».
Des avions de l’armée de l’air roumaine ont surveillé la situation et des alertes téléphoniques ont été envoyées aux habitants des départements de Tulcea et de Constanta (sud-est), deux zones proches de la frontière ukrainienne. Selon le communiqué, les premières données «indiquaient la probabilité d’une zone d’impact sur le territoire national» dans une région inhabitée près du village de Periprava. Les autorités ont affirmé que des recherches d’éventuels débris étaient en cours.
Quant à la Pologne, le pays a également enregistré au moins deux cas de violation de son espace aérien par des missiles ou des drones russes visant l’Ukraine. Lundi 2 septembre, l’aviation polonaise a été mise en alerte au petit matin après les frappes aériennes massives russes menées contre le territoire ukrainien. Le sud-est de la Pologne est limitrophe de l’Ukraine et le pays reste attentif sur l’évolution des combats à sa frontière. Dans une interview accordée au Financial Times publiée la semaine dernière, le ministre polonais des Affaires étrangères Radoslaw Sikorski a déclaré que Varsovie devrait avoir le droit d’abattre les missiles russes qui visent l’Ukraine avant qu’ils n’entrent dans l’espace aérien polonais, malgré l’opposition de l’Otan.