Empêtré dans une polémique sur un possible conflit d’intérêts, le Premier ministre portugais Luís Montenegro est tombé à l’issue d’un vote de confiance ce mardi 11 mars au Parlement. Le président du Parti social-démocrate (droite modérée) a été mis en échec par les voix des socialistes, le principal parti d’opposition, de l’extrême droite Chega et de l’extrême gauche. Il est contraint à la démission, un an à peine après son arrivée au pouvoir. Ce vote pourrait entraîner la tenue d’élections législatives anticipées dans les prochaines semaines, si le président choisit de dissoudre l’assemblée pour sortir de la crise.
«Le vote d’aujourd’hui déterminera […] si nous aurons ou non des élections […] et si le Parti socialiste va s’allier à l’extrême droite pour faire chuter le gouvernement», avait déclaré le chef de gouvernement à l’ouverture du débat, avant d’ajouter : «Je n’ai commis aucun crime.»
Malgré les efforts pour éviter la chute du gouvernement au cours des derniers jours, les oppositions ont campé sur leurs positions, après avoir fait savoir qu’ils ne lui accorderaient pas leur confiance. Ils avaient annoncé lundi avoir formalisé une demande de commission d’enquête parlementaire sur l’éventuel conflit d’intérêts touchant le Premier ministre, l’invitant à s’y soumettre.
Appel à la démission
Luís Montenegro avait pour sa part fait parvenir lundi des réponses écrites à des questions de l’opposition sur cette affaire. Il lui était demandé de s’expliquer sur une entreprise de prestation de services détenue par sa femme et ses enfants, ayant des contrats avec plusieurs sociétés privées, parmi lesquelles un groupe dont l’activité est soumise à des concessions accordées par l’Etat.
«Les réponses écrites ne suffisent pas à dissiper les soupçons», avait répondu dans la nuit de lundi à mardi le secrétaire général du Parti socialiste Pedro Nuno Santos. Ce dernier avait demandé à Montenegro de s’abstenir de demander la confiance de parlementaires alors que le résultat négatif était prévisible, estimant qu’il devrait plutôt avoir le courage de démissionner. «Le Premier ministre a répondu à pratiquement toutes les questions» mais «il y en a qui veulent ignorer les réponses», avait regretté lundi le porte-parole du gouvernement Antonio Leitao Amaro, à l’issue d’un conseil des ministres.
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Pour éviter de plonger le pays dans l’instabilité, Luís Montenegro avait expliqué qu’il devait appeler les Portugais à se prononcer, réaffirmant n’avoir commis aucune irrégularité. «Je serai candidat bien sûr» si des élections anticipées ont lieu, même en cas de mise en examen, avait-il aussi d’ores et déjà affirmé lundi soir sur la chaîne CNN Portugal.
Possibles élections en mai
Il revient désormais au président, le conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, de décider de dissoudre ou pas le Parlement. Cela ouvrirait la voie à des élections législatives anticipées, qui pourraient se tenir le 11 ou le 18 mai.
Le chef du gouvernement, président du Parti social-démocrate (PSD, droite modérée), arrivé au pouvoir il y a un an mais sans majorité absolue, est mis en cause dans plusieurs affaires. Outre celle de l’entreprise familiale dont le Premier ministre a annoncé qu’elle serait désormais strictement détenue par ses enfants, s’ajoutent des révélations sur d’éventuelles irrégularités dans l’acquisition d’un appartement. Il avait déjà surmonté deux motions de censure.
Luís Montenegro a pris ses fonctions en avril 2024, succédant à Antonio Costa, un socialiste qui avait démissionné en novembre 2023 dans le cadre d’une enquête sur un trafic d’influence présumé. Costa, qui a toujours nié toute irrégularité, a été élu président du Conseil européen en juin 2024.
Mise à jour : à 21h02, avec l’issue du vote de confiance et la chute du gouvernement.