Il s’agit du plus grand narco sous-marin jamais arraisonné dans l’océan Atlantique. Les autorités portugaises ont annoncé ce mardi 25 mars l’interception il y a cinq jours d’un semi-submersible qui naviguait sous les eaux entre les Açores et les îles Canaries. A son bord, cinq membres d’équipage appartenant à un «réseau criminel international» et près de 6,5 tonnes de cocaïne. La prise, d’une valeur estimée à 180 millions d’euros, est de taille. La quantité de drogue saisie le 20 mars dernier représente plus du quart de l’ensemble des saisies de cocaïne réalisées au Portugal l’an dernier, soit 23 tonnes.
Le navire utilisé par une organisation criminelle transnationale est de fabrication artisanale. Le quotidien portugais Le Jornal de Notícias l’assure, cet engin est l’un des plus grands sous-marins «jamais construit pour transporter la cocaïne d’Amérique du Sud vers l’Europe». Sur les images partagées par la télévision portugaise, on peut distinguer à travers une mer peu agitée le sous-marin, long de près de 10 mètres.
25-03-2025
— Portugal News (@PortugalActus) March 25, 2025
Açores.
Un sous marin intercepté dans l'archipel avec à son bord brésiliens et colombiens et... 7 tonnes de cocaïne. pic.twitter.com/LXnk5zTJCK
Il a été arraisonné «au milieu de l’océan Atlantique, à environ 500 milles nautiques» (plus de 900 km) au sud des Açores. Il avait pour destination la «péninsule ibérique» et «différents pays européens», selon les autorités portugaises. D’après les premiers éléments de l’enquête, le sous-marin devait débarquer dans le port portugais de Sines, à environ 100 kilomètres au sud de Lisbonne.
Le Portugal est l’une des principales portes d’entrée de la cocaïne pour le marché européen. Transbordée majoritairement par voie maritime, la drogue provient d’Amérique latine, de Colombie, de Pérou ou encore de Bolivie.
Enquête
L’opération d’interception, baptisée «Nautilus», est le fruit d’une importante coopération de la marine et l’armée de l’air portugaise avec plusieurs agences étrangères : la Garda civile espagnole, la Drug Enforcement Administration (DEA) américaine et la National Crime Agency (NCA) britannique.
Selon la presse locale, les cinq hommes arrêtés sont de nationalité brésilienne, colombienne et espagnole. Lors d’une conférence de presse qui s’est tenue mardi dans la soirée, Luis Neves, le directeur national de la police judiciaire, a souligné que «c’était la première fois qu’une opération de cette nature était menée au milieu de l’Océan». Les cinq personnes extraites du submersibles «ne sont pas des amateurs», précise Luis Neves, qui ajoute qu’ils ont été formés pour l’opération avec une seule mission, celle «d’inonder l’Europe avec beaucoup de cocaïne». A bord, ils ne disposaient que de «quelques appareils et d’un téléphone satellite» pour communiquer avec la terre et les guider dans les eaux de l’Atlantique.
Selon les premiers résultats de l’enquête, le sous-marin, «doté d’une technologie de pointe» selon la police, a été conçu dans un chantier naval clandestin, en pleine jungle brésilienne, dans l’Etat d’Amapá. Avec un moteur ne dépassant pas les six nœuds, le bateau, que des sources policières décrivent comme une «coquille de noix», était en mer depuis «une quinzaine de jours». Avant d’être repéré au large des Açores par un avion de l’armée de l’air, équipé d’un radar de haute précision.
La voie maritime très prisée des narcotraficants
Sous-marins, semi-submersibles ou même drones sous-marins capables de traverser le détroit de Gibraltar, les narcotrafiquants ont de plus en plus recours à ce type d’engin pour faire passer furtivement la drogue et ainsi échapper à la vigilance des garde-côtes.
Ce n’est pas la première fois qu’un sous-marin de ce genre est utilisé par des organisations criminelles internationales pour faire circuler de la cocaïne d’Amérique du Sud vers la péninsule ibérique. En mars 2023, un navire similaire a été retrouvé vide au large des côtes de la Galice après avoir été abandonné par son équipage. En novembre 2019, un autre narco sous-marin s’est échoué avec cette fois-ci trois tonnes à l’intérieur.
Après avoir été saisis, les nombreux ballots de cocaïne ont été transférés à bord d’un navire de la marine portugaise pour être comptés au port de Ponta Delgada. Quant au sous-marin artisanal, il a été remorqué jusqu’à la terre ferme et devrait susciter l’intérêt des enquêteurs.
Mis à jour : à 15 h 55, avec les premiers résultats de l’enquête.