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Libération
Massacre à la tronçonneuse

Pour avoir abattu le «Sycamore Gap Tree», arbre le plus célèbre d’Angleterre, deux hommes condamnés à 4 ans de prison

Le vénérable érable sycomore, connu pour son rôle en 1991 dans le «Robin des Bois» avec Kevin Costner, avait été tronçonné en septembre 2023 par deux hommes jugés en mai 2025 et fixés ce mardi 15 juillet sur leur peine.

Vu aérienne du Sycamore Gap Tree abattu, sur le mur d'Hadrien, à Northumberland en Angleterre, le 29 septembre 2023. (Owen Humphreys/AP)
Publié le 15/07/2025 à 17h17

Le Royaume-Uni a rendu justice ce mardi 15 juillet à l’une des stars de Robin des Bois : Prince des voleurs. Non pas Kevin Costner, mais le «Sycamore Gap Tree», majestueux érable sycomore connu dans le monde entier depuis son apparition dans le film de Kevin Reynolds en 1991.

Pour avoir tronçonné en 2023 l’arbre, deux hommes viennent d’être condamnés à quatre ans et trois mois de prison par le tribunal de Newcastle. Daniel Graham et Adam Carruthers n’ont jamais expliqué cet acte de vandalisme qui avait ému au-delà du Royaume-Uni. Actuellement incarcérés, ils risquaient jusqu’à dix ans de prison.

Le Sycamore Gap Tree était situé le long du mur d’Hadrien et niché depuis plus de cent ans entre deux collines dans un paysage spectaculaire du Northumberland (nord). Jusqu’à cette nuit du 27 au 28 septembre 2023, où les deux amis, armés d’une tronçonneuse, avaient conduit pendant quarante minutes jusqu’à un parking, puis marché vingt minutes dans l’obscurité avant d’atteindre leur cible. L’un avait filmé l’autre pendant qu’il abattait l’arbre, lui envoyant par la suite la vidéo. Ils avaient également emporté un morceau du tronc en guise de trophée.

Le mur d’Hadrien également endommagé

Le lendemain, Daniel Graham et Adam Carruthers s’étaient délectés de la couverture médiatique de cette affaire, se félicitant mutuellement d’une histoire devenue «virale», envoi de messages vocaux et d’articles de presse à l’appui.

Les jurés ont pu voir une vidéo tournée de nuit, dans laquelle l’on entend le bruit d’une tronçonneuse, puis de la chute d’un arbre. Le téléphone portable de Daniel Graham et sa voiture avaient été localisés près du site.

Les hommes, désormais ennemis, se sont rejeté la responsabilité du tronçonnage, Carruthers affirmant qu’il était resté chez lui ce soir-là, Graham affirmant à l’inverse que Carruthers avait emprunté sa voiture et agi avec quelqu’un d’autre. Pendant leur procès en mai à Newcastle (nord-est), où ils ont tous les deux été jugés coupables, Carruthers a expliqué qu’il ne comprenait pas l’émotion provoquée par la destruction de l’érable. C’était «juste un arbre», a-t-il dit, sans jamais expliquer leur geste.

La chute de l’arbre avait également endommagé le mur d’Hadrien, une fortification romaine de 135 km de long construite entre 122 et 127 après J.-C. et inscrite sur la liste du patrimoine mondial par l’Unesco.

Œuvre d’art

Cet acte de vandalisme a provoqué chagrin et colère au Royaume-Uni, «mais aussi à l’échelle internationale», souligne l’agence gouvernementale Historic England. Lieu de mariage et de souvenirs familiaux, l’érable extrêmement photogénique avait été élu arbre anglais de l’année en 2016.

L’an dernier, le National Trust, l’organisme gérant de nombreux lieux du patrimoine britannique, dont le site où il se trouvait, a annoncé que de nouvelles pousses étaient apparues sur la souche. Le National Trust a également récupéré des graines et obtenu 49 jeunes plants, objets de tous les soins, qui doivent être replantés l’hiver prochain dans des espaces accessibles au public, notamment des parcs, hôpitaux et écoles.

Une partie du tronc a par ailleurs été transformée en œuvre d’art, que les visiteurs peuvent désormais étreindre au centre d’accueil du parc national du Northumberland.

Dans cette exposition permanente conçue par l’artiste Charlie Whinney, le tronc de plus de 2 mètres de hauteur est entouré de trois bancs en chêne d’où les visiteurs peuvent lire des mots poétiques montant du sol, liés au chagrin initial créé par sa destruction, et mis en scène comme une sculpture ramifiée.