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Billet

Pour un instant seulement, Wagner a fait entrevoir la fin de la guerre

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On a osé. On a osé penser un instant que le maître du Kremlin pourrait être sérieusement ébranlé, voire renversé, par le coup de force de Prigojine. Et, pour la première fois en seize mois, on a pu rêver à une fin prochaine du conflit en Ukraine.
Dans les rues de Rostov, le 24 juin. (Erik Romanenko /Sipa)
publié le 25 juin 2023 à 17h00

La forteresse a tremblé. Ebranlée par une journée follement angoissante à tous les égards. Tour à tour démesurément dense ou étonnamment suspendue. Le temps semble s’être arrêté plusieurs fois, ce samedi 24 juin. Le coup de force qu’a tenté d’opérer Evgueni Prigojine a pris tout le monde de court. Les Russes, mais aussi le reste du globe, du quidam au chef d’Etat. Tout penché qu’il était sur son téléphone, à actualiser son fil d’info. A commenter, éberlué, cette mutinerie qu’aucun scénariste n’aurait osé imaginer. Il y a d’abord eu Rostov, centre des opérations militaires en Ukraine, «sans un coup de feu». Puis Voronej, où un dépôt pétrolier s’est transformé en volcan crachant sa fumée noire. Puis Lipetsk, à marche forcée vers la capitale. On s’est demandé si, vraiment, le cuistot s’apprêtait à manger Moscou. Si l’on assistait au crépuscule de Poutine à la tête de la Russie. La fin du maître du Kremlin. Oui, on a osé le penser. Au milieu de cet amas d’informations indécises, d’images délirantes d’hélicos évitant des missiles, de liesse d’habitants face à des mercenaires, de camions kaki et de chars tractés, une maigre espérance s’est tout de même immiscée dans le flot des angoisses : et si la guerre en Ukraine pouvait se terminer là ?

Tout s’est profilé, puis tout s’est envolé

On s’est presque sentis coupables de l’ima