La forteresse a tremblé. Ebranlée par une journée follement angoissante à tous les égards. Tour à tour démesurément dense ou étonnamment suspendue. Le temps semble s’être arrêté plusieurs fois, ce samedi 24 juin. Le coup de force qu’a tenté d’opérer Evgueni Prigojine a pris tout le monde de court. Les Russes, mais aussi le reste du globe, du quidam au chef d’Etat. Tout penché qu’il était sur son téléphone, à actualiser son fil d’info. A commenter, éberlué, cette mutinerie qu’aucun scénariste n’aurait osé imaginer. Il y a d’abord eu Rostov, centre des opérations militaires en Ukraine, «sans un coup de feu». Puis Voronej, où un dépôt pétrolier s’est transformé en volcan crachant sa fumée noire. Puis Lipetsk, à marche forcée vers la capitale. On s’est demandé si, vraiment, le cuistot s’apprêtait à manger Moscou. Si l’on assistait au crépuscule de Poutine à la tête de la Russie. La fin du maître du Kremlin. Oui, on a osé le penser. Au milieu de cet amas d’informations indécises, d’images délirantes d’hélicos évitant des missiles, de liesse d’habitants face à des mercenaires, de camions kaki et de chars tractés, une maigre espérance s’est tout de même immiscée dans le flot des angoisses : et si la guerre en Ukraine pouvait se terminer là ?
Tout s’est profilé, puis tout s’est envolé
On s’est presque sentis coupables de l’ima