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Poursuite de la baisse des taux, hausse de l’inflation, prévisions de croissance en berne… Les annonces de la BCE sur fond de tensions avec la Russie

Dans un contexte de guerres commerciales avec les Etats-Unis et de hausse des dépenses de défense attendues en Europe, la BCE poursuit sa politique de détente des taux d’intérêt. Elle prévoit par ailleurs une baisse de la croissance et une hausse de l’inflation.
A Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 6 mars 2025. (Daniel Roland/AFP)
publié le 6 mars 2025 à 16h00

Une incertitude plus forte que jamais. Dans un contexte de guerres commerciales avec les Etats-Unis et de hausse des dépenses de défense attendues en Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a poursuivi ce jeudi 6 mars sa politique de détente des taux d’intérêt. En abaissant, comme attendu, son principal taux d’intérêt directeur de 0,25 point de pourcentage, l’institution de Francfort marque sa confiance dans le retour progressif de l’inflation à l’objectif de 2 %. Le taux de dépôt, qui fait référence, est ainsi ramené de 2,75 % à 2,50 %.

C’est le cinquième assouplissement monétaire d’affilée – le sixième depuis juin après le pic atteint par les taux d’intérêt en septembre 2023, dans un contexte à l’époque de forte inflation. La fin de ce cycle est-il en vue ? Les gardiens de l’euro ont souligné ce jeudi dans leur communiqué que les taux sont désormais à un niveau auquel la politique monétaire «devient sensiblement moins restrictive», renforçant les attentes d’une pause à venir dans les baisses.

Droits de douane américains

L’horizon économique reste toutefois extrêmement incertain au vu du contexte mondial, et l’équation s’est sensiblement compliquée ces dernières semaines pour la BCE. La décision radicale du futur gouvernement allemand d’augmenter la dette publique pour les dépenses d’armement a déjà causé une poussée de fièvre des taux d’emprunt de l’Allemagne, inédite depuis la Réunification.

Ce resserrement des conditions financières intervient alors que l’activité de la zone euro reste faible et que s’ajoute l’imposition imminente de droits de douane réciproques par les Etats-Unis qui menace d’amener de la récession en Europe.

La présidente de la BCE, Christine Lagarde, a ainsi mis en garde ce jeudi contre «une escalade des tensions commerciales» et ses conséquences pour la zone euro, face aux annonces de Donald Trump. Ces droits de douane «réduiraient la croissance de la zone euro en freinant les exportations et en affaiblissant l’économie mondiale». Une augmentation massive des dépenses dans la défense et les infrastructures pourrait néanmoins stimuler la croissance dans la zone euro mais aussi créer des tensions sur les prix, a également déclaré Christine Lagarde : «Nous devons comprendre comment cela va fonctionner, quel sera le calendrier, quel sera le financement, afin que nous puissions tirer les conclusions et apprécier la contribution à la croissance et l’impact sur l’inflation», a dit aux journalistes la présidente de la BCE, à propos des centaines de milliards d’euros d’investissements annoncés cette semaine par l’Allemagne et l’UE.

Inflation et croissance

Autre point clé : la Banque centrale européenne a rehaussé ses prévisions d’inflation pour 2025 à cause de la hausse des prix de l’énergie, et abaissé ses prévisions de croissance pour 2025 et 2026 face à «la baisse des exportations et la faiblesse persistante des investissements».

Pour cette année, l’institution de Francfort table sur une inflation de 2,3 %, contre 2,1 % précédemment. L’indicateur devrait atteindre 1,9 % en 2026 et 2,0 % en 2027. Le PIB de la zone euro devrait quant à lui croître de 0,9 % en 2025, 0,2 point de moins que l’estimation de décembre. Il grimperait à 1,2 % en 2026 et à 1,3 % en 2027.