«Milo, qui d’autre ?» Comme le proclame son dernier slogan de campagne qui s’affiche sur tous les trottoirs, il se veut l’horizon indépassable du Monténégro. Tête légèrement relevée, regard quelque peu hautain, et sourire à l’envers, Milo Djukanovic pose en seigneur du petit pays montagneux de l’Adriatique et de ses 620 000 habitants. Il faut dire qu’en Europe, seul le dictateur bélarusse Alexandre Loukachenko peut rivaliser en matière de longévité au pouvoir. Près de trente-deux ans après son accession à la tête de l’Etat monténégrin, Djukanovic, 61 ans et actuellement président, domine toujours la vie politique de cette république parlementaire, du haut de son mètre 99. Même si la fonction de président est essentiellement cérémoniale.
Engagé très jeune dans les rangs de la Ligue des communistes sous la Yougoslavie socialiste, Milo Djukanovic a su se métamorphoser en fonction des bouleversements politiques qui ont agité les Balkans, notamment lors de l’implosion de la fédération et des guerres des années 90. Après avoir rompu avec la Serbie de Milosevic, il devient le «père» de la nouvelle nation monténégrine, indépendante, à la suite du référendum de 2006. «Son succès a été sa capacité d’adaptation, résume Florian Bieber, historien et spécialiste de l’Europe du sud-est. Il débute en tant que jeune fonctionnaire communi