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Présidentielle en Roumanie : le candidat prorusse Calin Georgescu crée la surprise en virant en tête du premier tour

Le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, donné premier par les sondages à la sortie des bureaux de vote, a vu son rival d’extrême droite le dépasser au cours de la soirée électorale, dimanche 24 novembre. Il est même supplanté par Elena Lasconi, candidate du centre-droit qui se qualifierait pour le second tour.
Calin Georgescu, candidat d'extrême droite à la présidence roumaine, à Bucarest, le 1er octobre. (Alexandru Dobre/AP)
publié le 24 novembre 2024 à 21h07
(mis à jour le 25 novembre 2024 à 11h45)

Séisme électoral en Roumanie : un candidat prorusse que personne n’attendait est arrivé en tête dimanche 24 novembre du premier tour de l’élection présidentielle devant le Premier ministre pro-européen Marcel Ciolacu, donné pourtant à la première place en début de soirée. Le dirigeant social-démocrate de 56 ans a vu remonter dans la soirée ce rival d’extrême droite de 62 ans, Calin Georgescu. Il s’est même fait doubler par Elena Lasconi, maire centre droit d’une petite ville : après le dépouillement de plus de 99% des bulletins, elle obtient 19,17% des voix contre 19,15% pour Marcel Ciolacu, soit un millier de voix d’écarts. Calin Georgescu a, lui, recueilli 22,59% des suffrages exprimés.

Quelle que soit l’issue du scrutin, «l’extrême droite est de loin la grande gagnante de cette élection», avec plus de 35 % des suffrages, commente le politologue Cristian Pirvulescu. Car au score de Calin Georgescu il faut ajouter les 13,94 % obtenus par George Simion du parti AUR (Alliance pour l’unité des Roumains). Ce dernier a félicité son adversaire, se réjouissant qu’un «souverainiste» se retrouve au second tour.

De mauvais augure pour les législatives

S’il a su capitaliser sur la détresse d’une partie de la population appauvrie par la forte inflation, George Simion, grand fan de Donald Trump a aussi voulu renvoyer une image modérée qui «l’a desservie auprès des plus radicaux», analyse Cristian Pirvulescu. A l’inverse, Calin Georgescu a séduit dans les derniers jours avec une campagne TikTok devenue virale, focalisée sur la nécessité de stopper l’aide à l’Ukraine. «Ce soir, le peuple roumain a crié pour la paix. Et il a crié très fort, extrêmement fort», a-t-il réagi.

Après dix ans au pouvoir de Klaus Iohannis, fervent soutien de Kyiv devenu très impopulaire à cause notamment de ses coûteux voyages à l’étranger financés avec l’argent public, les Roumains ont donc porté leur dévolu sur les candidats antisystème, sur fond de montée des mouvements ultra-conservateurs en Europe. C’est un bouleversement pour ce pays de 19 millions d’habitants qui a jusqu’ici résisté aux postures nationalistes, se démarquant de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le président de la République roumaine occupe une fonction essentiellement protocolaire mais exerce un magistère moral important.

La Roumanie, partageant une frontière de 650 kilomètres avec l’Ukraine et bordée par la mer Noire, joue un rôle stratégique «vital», rappelle dans une étude le groupe de réflexion New Strategy Center. Tant pour l’Otan, dont elle abrite plus de 5 000 soldats, que pour le transit des céréales ukrainiennes. Fort de ces bons scores à la présidentielle, l’extrême droite devrait bénéficier d’«un effet de contagion» aux élections législatives du 1er décembre, pronostique Cristian Pirvulescu. Ce qui augure de négociations difficiles pour former une coalition.

Mis à jour lundi 25 novembre à 11h45 avec actualisation des résultats.