Boris ne va pas voter. L’homme, la trentaine, a pourtant bravé la pluie dominicale qui détrempe l’interminable file d’attente boulevard Lannes, dans le XVIe arrondissement de Paris. Une nuée de votants russes encerclent l’ambassade de la Fédération de Russie, au dernier jour du vrai faux scrutin présidentiel à l’issue duquel Vladimir Poutine devrait être réélu pour un cinquième mandat.
Parodie d’élection qu’entendent dénoncer une majorité d’électeurs ici. «Ce n’est pas parce que les votes sont falsifiés qu’il faut ne rien faire», opine Boris. Il regarde autour. Des centaines de Franciliens ont répondu à l’appel de Ioulia Navalnaïa, la veuve de l’opposant Alexeï Navalny mort un mois et un jour plus tôt, à se rendre dans les bureaux de vote sur les coups de midi. «Voir autant de gens, ça fait du bien, ça permet de se rendre compte qu’on est très t