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Renoncement

«Priorité à la croissance économique» : le gouvernement britannique revient sur ses engagements écologiques

Le Royaume-Uni prévoit d’annuler ou décaler des projets visant à atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050, a annoncé à demi-mot l’exécutif du Premier ministre conservateur Rishi Sunak mardi 19 septembre.
Rishi Sunak à la sortie du 10 Downing Street, à Londres le 6 septembre 2023. (Kin Cheung/AP)
publié le 20 septembre 2023 à 14h43

Quand la planète fait les frais de l’inflation. Au Royaume-Uni, le gouvernement du Premier ministre Rishi Sunak s’apprête à lever le pied dans sa politique environnementale. La neutralité carbone du pays, jusqu’ici promise pour 2050, devra être atteinte en adoptant une approche «plus pragmatique, proportionnée et réaliste», a annoncé le Premier ministre ce mercredi 20 septembre. Des propos qui confirment ceux de sa ministre de l’Intérieur Suella Braverman, qui estimait plus tôt dans la journée devoir «donner la priorité à la croissance économique, […] aux budgets des ménages, […] au coût de la vie».

D’après la BBC, Sunak prévoit toute une série de reculades : retarder l’interdiction de vente de nouvelles voitures à essence et diesel de 2030 à 2035. Le projet d’élimination progressive des chaudières à gaz à partir de 2035 est lui aussi revu à la baisse, en réduisant l’objectif à 80 % de suppression progressive d’ici à cette même année. La volonté d’imposer des amendes aux propriétaires qui n’auraient pas mis leur logement aux normes d’efficacité énergétique est elle aussi abandonnée. Enfin, l’interdiction de certaines chaudières à mazout, initialement prévue pour 2026, serait reportée à 2035.

Le Premier ministre britannique s’est défendu en critiquant les hommes politiques de «tous bords [qui] n’ont pas été honnêtes au sujet des coûts et des compromis» des mesures environnements. Sunak a ajouté qu’il «ferait passer les intérêts à long terme de notre pays avant les besoins politiques à court terme du moment».

Dans ce contexte de revirement écologique, le Royaume-Uni ne sera pas invité au sommet de l’ONU de ce mercredi, qui visait à réunir les pays les plus ambitieux dans la lutte contre le réchauffement climatique. La nation de Rishi Sunak sera donc boudée de cette assemblée destinée à s’attaquer au fossé entre la crise climatique et les politiques des gouvernements, au même titre que la Chine et les Etats-Unis.

Exploitations gazières et pétrolières

Le Royaume-Uni n’en est pas à son premier revirement écologique. Cet été déjà, les deux principaux partis britanniques ont revu à la baisse leur programme environnemental face aux réactions contre l’expansion de la zone à ultra-basse émission de Londres mise en place fin juillet, qui s’attaquait aux véhicules les plus polluants. A la même période, le gouvernement britannique a validé des «centaines» de nouvelles exploitations pétrolières et gazières en mer du Nord.

Le climat est un sujet qui monte, alors que les conservateurs et l’opposition travailliste fourbissent leurs armes pour les élections législatives attendues l’an prochain. Après 12 ans au pouvoir, les conservateurs sont au plus bas dans les sondages.

Mise à jour à 18 h 52 : avec l’ajout des déclarations de Rishi Sunak.