Le porte-parole du Kremlin a prévenu ce mardi 27 février qu’envoyer des troupes en Ukraine ne serait «pas dans l’intérêt» des Occidentaux, répondant aux propos du président français Emmanuel Macron, qui a estimé la veille au soir, lors d’une conférence sur le conflit à l’Elysée, que cela ne pouvait pas «être exclu». «Ce n’est absolument pas dans l’intérêt de ces pays. Ils doivent en être conscients», a prévenu Dmitri Peskov.
«Nous sommes tout à fait au courant de la position de Macron qui cherche à infliger une défaite stratégique à la Russie», a-t-il également tancé, affirmant qu’il s’agit là d’une déclaration «très importante» du président français. Et d’avertir : «Si tel était le cas, la discussion devrait inévitablement évoluer vers l’inévitabilité d’un conflit avec l’Otan.» Le Kremlin a toutefois noté qu’il n’y avait «pas de consensus» sur le sujet chez les Occidentaux. Un peu plus tard, un responsable de l’Alliance des pays d’Europe et d’Amérique du Nord a souligné que l’Otan n’avait «aucun projet» d’envoi de troupes de combat en Ukraine. «L’Otan et les Alliés apportent une aide militaire sans précédent à l’Ukraine. Nous l’avons fait depuis 2014 et nous sommes passés à la vitesse supérieure après l’invasion russe à grande échelle, a-t-il souligné. Mais il n’y a aucun projet de troupes de combat de l’Otan sur le terrain en Ukraine.»
Pas une option pour de nombreux pays
Du côté des premiers concernés, à savoir les pays occidentaux, l’Allemagne a affirmé ce mardi qu’«aucun soldat» ne serait envoyé en Ukraine par des pays d’Europe ou de l’Otan. Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a en effet a jugé lors d’une conférence de presse que «ce qui a été décidé entre nous dès le début continue à être valide pour l’avenir», à savoir «qu’il n’y aura aucune troupe au sol, aucun soldat envoyé ni par les Etats européens ni par les Etats de l’Otan sur le sol ukrainien».
Les Etats-Unis n’enverront pas non plus de soldats combattre en Ukraine, a fait savoir la Maison Blanche. «Le président Biden a été clair sur le fait que les États-Unis n’enverront pas de soldats combattre en Ukraine», a déclaré Adrienne Watson, la porte-parole du Conseil de sécurité nationale, ajoutant que le président estime que «le chemin de la victoire» passera par une aide militaire pour l’instant bloquée par le Congrès.
L’envoi de troupes en Ukraine n’est «pas d’actualité» pour le moment, a réagi, sans l’exclure cependant, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson, dont le pays va devenir le 32e membre de l’Otan. Il a précisé qu’«il n’y a pas de demande» côté ukrainien pour l’envoi de soldats occidentaux. Un conseiller présidentiel ukrainien s’est toutefois félicité de cette possibilité. «Cela montre tout d’abord une conscience absolue des risques que représente pour l’Europe une Russie militariste et agressive», a déclaré Mykhailo Podolyak.
Les Premiers ministres de la Pologne et de la République tchèque, réunis à Prague ce mardi, ont de leur côté affirmé ne pas avoir envisagé l’envoi de troupes en Ukraine. «Je suis convaincu que nous devrions développer les voies de soutien que nous avons empruntées après l’agression de la Russie» – à savoir une aide militaire, humanitaire et économique –, a soutenu le Tchèque Petr Fiala, affirmant qu’il n’y a pas «besoin d’ouvrir d’autres méthodes». Son homologue polonais, Donald Tusk, a ajouté que la «Pologne n’a pas l’intention d’envoyer ses troupes sur le territoire de l’Ukraine», appelant à ne pas «spéculer aujourd’hui sur la question de savoir s’il y aura des circonstances qui pourraient modifier cette position». Même son de cloche pour le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, qui a avancé que la position de son pays était «solide comme le roc» : la Hongrie ne prévoit pas «d’envoyer des armes ou des troupes en Ukraine».
Réactions françaises
En amont de la conférence à l’Elysée, le Premier ministre slovaque Robert Fico, opposé à l’aide militaire à l’Ukraine, avait prétendu que plusieurs membres de l’Otan et de l’Union européenne envisageaient d’envoyer des soldats en Ukraine, sans donner plus de détails. D’après Reuters, un fonctionnaire de la Maison Blanche a déclaré lundi que l’Otan n’avait pas l’intention d’envoyer des troupes, pas plus que les Etats-Unis.
Mise à jour à 13 h 30 avec la déclaration du Premier ministre de la Suède.
Mise à jour à 13 h 18 avec la déclaration d’un responsable de l’Otan.
Mise à jour à 12 h 40 avec les réactions des pays occidentaux.
Mise à jour à 18 h 24 avec la réaction des Etats-Unis.